Le 8 mars, la Journée de la femme mit en exergue les souffrances engendrées par les « violences gynécologiques et obstétricales ». En vrac : manque d’information et de douceur, auscultation brutale des parties intimes, épisiotomie ou « point du mari » réalisés sans consentement de l’intéressée, etc.
Une ancienne vedette du porno, Eloïse Becht alias « Ovidie », a ainsi produit un documentaire mettant en cause le milieu hospitalier masculin et la culture chrétienne de la souffrance féminine : « Tu enfanteras dans la douleur » (Livre de la Genèse, 3:16).
L’ancienne militante du SCALP (Section Carrément Anti-Le Pen), qui a gagné sa vie en monnayant son intimité dans des chefs d’œuvre comme Orgie en noir, mettant en scène un couple libertin aux prises avec des zombies nymphomanes, prétend donc apprendre aux femmes comment faire respecter leur intimité. Pas un jour ne passe sans que la modernité nous livre son lot d’absurdités : notre époque est une succession ininterrompue de sketchs des Inconnus.
Cependant, la pornocrate met le doigt sur une vérité : le milieu médical est un monde déshumanisé où de nombreux professionnels font primer leur sacro-sainte expertise sur la dignité et la liberté des patients. Cela va de l’infirmière un peu niaise, qui prend une photo d’une nonagénaire alitée pour l’envoyer à ses amies avec un commentaire attendri (« Quelle grande dame ! »), au médecin ouvrant une femme enceinte - comme on débite de la viande en boucherie - afin de la faire accoucher plus rapidement pour libérer des lits à la Maternité, alors que l’enfant avait besoin d’un temps supplémentaire pour rejoindre l’univers hostile et glacé de l’en-dehors. Ces attitudes ne sont pas le monopole de la gynécologie mais touchent l’ensemble des patients, comme le montrent ces médecins incendiant les parents qui doutent de l'innocuité des vaccins récents et de la légitimité de l’obligation vaccinale. Bien sûr, Eloïse Becht fait l’impasse sur les pressions exercées à l’égard des jeunes femmes en faveur de leur avortement et sur l’ignorance entretenue autour des traumatismes qui suivront la mère.
Au-delà des violences gynécologiques, c’est toute l’industrie de la santé qui est contaminée par ces comportements engendrés par un esprit, plus que « phallocratique » ou sexiste, avant tout matérialiste et scientiste, qui voit le corps humain comme un tas de viande ou une machine qui nécessite les bons huilages à l’endroit approprié.
Ce phénomène est la conséquence d’une double-évolution : d’une part la déchristianisation de la société, avec le remplacement des anciens Hôtel-Dieu - où l’Eglise soignait gratuitement les malades - par la bureaucratie tentaculaire et impersonnelle de l’Etat central, d’autre part à cause de la marchandisation de la santé, soumise à la même logique comptable qu’un supermarché et marchandisée à vitesse grand V.
A défaut d’être catholique, si Eloïse Becht était une antilibérale cohérente, voilà le discours qu’elle tiendrait. A nous d’être assez intelligent pour reconnaître la part de vérité criante dans son constat et d’ouvrir un dialogue avec les néoféministes.
Article de Julien Langella paru dans le Quotidien Présent
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