Nous célébrions hier la fête de Saint Benoît de Nursie. Saint patron du monachisme, il fut également nommé par Paul VI saint patron de l’Europe et se place aujourd’hui aux premiers rangs de l’Église militante.
Deux points ressortent particulièrement de sa vie. Tout d’abord, la radicalité avec laquelle il mit le Christ au centre. Ensuite il fut l’incarnation de sa Règle au point que chacun des miracles qu’il accomplit en illustre un élément. Tous ont été motivés par la charité et accomplis dans l’humilité.
Cette radicalité du saint moine se remarque dès son enfance à Rome où ses parents l’avaient envoyé étudier. Voyant son âme en péril dans une ville où les séductions du monde ne permettaient pas l’élévation de l’âme, il décida de la quitter.
Ayant fui avec sa nourrice Cyrille, il arriva à l’âge de 14 ans dans un petit village de l’Italie où il opéra son premier miracle. Sa nourrice, avait par maladresse, fait tomber un crible en terre cuite que des voisins lui avait prêté. Saint Benoit voyant sa peine prit les morceaux de l’ustensile sans un mot, alla prier, et ramena quelques instants après le crible parfaitement indemne. Cyrille et les habitants de la maison témoins de ce miracle rendirent un chaleureux hommage à ce jeune homme déjà si proche du Seigneur. Mais les éloges et marques d’admiration se prolongèrent trop pour son humilité et il décida de prendre la route pour une grotte de Subiaco où des moines vivaient pieusement. Benoît mourut ainsi au monde en enseignant trois des points de sa règles : la justice en réparant le dommage que sa nourrice avait causé, la charité en consolant cette dernière et l’humilité en se soustrayant aux hommages des habitants du village.
Arrivé à Subiaco, le nouvel ermite passa trois ans dans une grotte où il eut pour seul contact avec l’extérieur le tintement d’une cloche annonçant le repas qu’un moine des environs partageait avec lui. Au bout de ces trois ans, un prêtre qui avait été averti de la présence de l’ermite par les voies du Seigneur fut enjoint d’aller partager avec lui son repas de Pâques. Ce fut pour lui la fin de sa vie cachée. Le lendemain des bergers l’aperçurent au loin et vinrent s’instruire auprès de lui des choses de Dieu. Chaque jour qui passait, voyait s’agrandir la foule qui venait écouter ses enseignements. Beaucoup parmi les jeunes gens souhaitaient partager l’état de vie de l’ermite de 17 ans.
Sa renommée grandissante arriva aux oreilles des moines d’un monastère de Vico-Varo qui venait de perdre leur père abbé. Ils vinrent demander à Benoît d’être leur nouveau supérieur. L’ermite commença par refuser puis fini par accepter. Décision qu’il regretta rapidement en voyant les abus de la communauté. Il essaya néanmoins de redresser les moines qui s’étaient grandement écartés de Dieu. Seulement, voyant la direction que le saint homme voulait donner à leur monastère et n’étant pas près à de tels changements ces derniers décidèrent de l’empoisonner lors de son repas. Miraculeusement sauvé et ne pouvant plus continuer à les guider, Benoît les quitta et revint dans sa grotte de Subiaco où la foule continuait d’affluer. Le nombre de personnes souhaitant vivre de la même manière que lui ne cessait de s’accroitre. Il fonda donc douze monastères autour de sa grotte, chacun composés de douze moines, tous sous son autorité directe.
Cette période de la vie de Saint Benoît, durant laquelle il écrivit sa règle et administra ses monastères fut riche en miracles. Nous n’en citerons ici qu’un seul illustrant la place que tient l’obéissance aux yeux du père abbé. Alors qu’un moine devait aller chercher de l’eau au lac il tomba, emporté par le courant loin de la rive et manqua de se noyer. Saint Benoît qui en fut averti ordonna au religieux qui lui avait porté le message d’aller chercher son frère. Chose que ce dernier fit sans même réfléchir. Ce ne fut qu’une fois de retour avec le jeune moine auprès du père abbé qu’il se rendit compte qu’il avait marché sur l’eau pour aller le sauver.
Il témoigna alors son admiration à Saint Benoît mais ce dernier lui répondit : « Mon frère c’est à vous seul que revient cette faveur de Dieu, à cause de votre obéissance la plus absolue. »On ne pourrait donner un meilleur exemple d’obéissance complète et instantanée telle que le recommande la règle bénédictine.
Alors que les monastères prospéraient, un prêtre des environs jaloux de l’influence sur ses paroissiens de ces nouveaux moines et particulièrement de celle de ce nouveau père abbé entreprit de le harceler par divers stratagèmes. Ne voulant répondre aux vices de l’homme d’église, Saint Benoît décida de quitter Subiaco pour mettre fin aux attaques. Il incarna ainsi le détachement des biens temporels qu’il enseignait. Il organisa de manière durable l’administration des différents monastères et quitta sans regret l’œuvre dont il était l’auteur pour aller s’installer au Mont-Cassin. Il était alors âgé de 49 ans.
Arrivé au Mont-Cassin, il y resta 14 année durant lesquelles les miracles furent nombreux. Parmi ceux-ci deux résurrections : la première d’un moine écrasé sous un mur qui était tombé et la seconde d’un fils sur la demande de son père.
Peu avant sa mort alors qu’il était entouré de religieux étrangers venu le visiter, Saint Benoît leur annonça que sa fin était proche et leur prédit les signes qui l’accompagnerait. Au moment de sa mort, deux moines eurent une vision : « Ils virent une route ornée de tentures et resplendissante d’innombrable lumières. Elle allait de la cellule de Benoît jusqu’au ciel dans la direction de l’orient. Un homme d’un aspect vénérable et tout lumineux leur demanda quelle était cette voie qu’ils apercevaient, et comme ils avouaient ne pas le savoir, il leur dit : « c’est la voie par laquelle Benoît, le bien-aimé du Seigneur, est monté au ciel. »(1)
(1)Saint Grégoire
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