Le Pape François vient de publier un nouveau motu proprio entravant sérieusement la célébration de la liturgie traditionnelle, autorisée plus largement depuis Benoît XVI.
La liturgie traditionnelle (ou forme extraordinaire du rite romain) avait été « marginalisée » par les papes et les évêques depuis la réforme liturgique qui avait suivi le concile Vatican II (1970).
Dans les années 1980 à 2000, des prêtres et des fidèles ont dû se battre pour maintenir la tradition liturgique de l'Eglise et ses dogmes majeurs (vie éternelle, résurrection des corps, existence d'un enfer, du diable...). N’oublions au pas au passage les occupations d’églises, la persécution de nombreux prêtres, et la courageuse désobéissance à des ordres illégitimes…
Depuis 2008 cette liturgie était redevenue « légitime », ceux qui souhaitaient y assister pouvaient conserver leur « respectabilité ».En France l'attachement à l'ancien rite n'était plus suspect de sympathie pour le Front National ou la cause de l'Algérie française. Dans de nombreux pays ce rite avait connu un regain chez la jeunesse.
L’antique liturgie était un vestige de la tradition de l’Eglise : liturgie du touchant, sensible, incarnée, enracinée, presque païenne (au sens de l’étymologie "paganus" c'est à dire paysan; où le culte avait gardé des formes antiques et une piété conforme au style intemporel de la prière chez tous les peuples traditionnels).
Depuis les années 2000 la liturgie traditionnelle était aussi devenue un immense vecteur de conversion pour tous les occidentaux déracinés qui redécouvraient leurs racines identitaires et aussi spirituelles. Elle n’était plus nécessairement associée à la vieille bourgeoisie conservatrice et austère (serre-tête, jupe à carreaux, loden…).
Avec le Motu Proprio de Benoit XVI des centaines de prêtres et des milliers de fidèles ont eu accès à cette liturgie de façon apaisée, beaucoup y ont redécouvert des trésors spirituels.
La religion des chrétiens fervents de moins de 50 ans, aujourd’hui, est conservatrice. Si les chrétiens sont minoritaires en Europe de l’Ouest, ils sont majoritairement conservateurs !
Les modernistes constituent une petite minorité, mais celle-ci, bien que vieillissante et n’ayant rien transmis aux générations suivantes, détient le pouvoir.
Ce motu-proprio du Pape François est-il le chant du cygne du modernisme ?
Le pape François et ses compères ne craignent-ils pas de voir la « jeune Église » échapper à son influence ? Plutôt que de suivre ce mouvement, peut-être préfèrent-ils y répondre par l’autoritarisme ?
Comment réagiront les milliers de fidèles attachés à l’ancienne liturgie, et au delà tous les conservateurs qui aspirent à un retour au sacré dans l’Eglise ?
Quoi qu’il arrive, cette réaction autoritaire du Pape François est bien un signe des temps…
Complémentairement, par rapport à ce qui figure ci-dessus, il est possible d'écrire ce qui suit.
Le consensualisme fraternitaire, qui est bien plus philo-postmoderne (en morale et surtout en religion) que philo-moderniste (comme certains l'ont été entre 1893 et 1914), connaîtra et subira son "chant du cygne" le jour où les clercs qui adhèrent à cet état d'esprit accepteront que certains documents du concile Vatican II (une constitution, deux déclarations et un décret qui ont été "dogmatisés", dès 1965) soient ENFIN critiqués, à ciel ouvert et à voix haute, depuis l'intérieur des diocèses, compte tenu du fait que les expressions ET les omissions qui caratérisent ces quatre documents sont particulièrement propices à de l'ambiguité, à de l'aveuglement, à de l'imprécision, à…