Pouvez vous vous présentez et nous expliquer votre parcours ? Comment en êtes vous arriver la où vous en êtes aujourd’hui ?
Je ne suis pas un maire politique dans le sens où ce n’est pas la politique politicienne qui m’intéresse. Je suis dans un village rural où les élections sont individuelles. Ma famille y est depuis des siècles, et certains de mes ancêtres ont d’ailleurs déjà été maire dans le village, je n’y ai donc pas été parachuté.
Je voulais devenir maire depuis tout petit, c’était donc pour moi tout naturel.
Et comme dans ce village on fait bien les choses, chaque famille à un représentant. C’est un village légitimiste qui vote quand même 70% à droite, dont 30% FN et 40% LR ou leur avatars, et cela facilite grandement les taches.
De plus, à partir du moment où vous avez tiré profit de ce que vous avez reçu, la jouissance ne doit pas être égoïste. Il faut rendre. On doit faire partager aux autres et c’est pour cela que je suis devenu maire. Parce que j’ai reçu j’ai le devoir d’aider les autres.
Dans mon parcours je ne me suis affilié à aucun parti politique, mais j’ai milité avant avec la Garde Blanche, et quelques mouvements anarcho-monarchistes, puis j’ai fais des collages avec les sections de l’UNI, à l’époque c’était vraiment sportif. A l’époque ces gens là ils avaient vraiment un but : servir la France ! Et en réalité c’était plus une bonne assemblée de copains qu’un véritable parti politique. Je n’ai jamais été encarté sauf une fois à Jalon par les anarchistes.
Pensez-vous qu’il faille un bagage intellectuel spécial pour prétendre être un bon maire ou l’enracinement sur place suffit ?
La première chose qui faille c’est être légitime. Ensuite à l’échelle locale , la personnalité compte beaucoup plus que l’étiquette politique. Mais dans des grandes villes comme Vannes, c’est l’étiquette qui joue. Par ailleurs, il faut savoir être présent car les gens vous connaissent bien vous et vos enfants et au moindre problème ils savent qu’ils peuvent venir sonner. A l’échelle locale c’est une vraie communauté.
Enfin, pour être un bon maire, oui il faut savoir réfléchir, oui il faut être capable aujourd’hui de parler en assemblée parce que beaucoup de choses se font en assemblée dans les communautés de communes, oui il faut être capable d’avoir un réseau pour préparer les décisions car elles sont prises avant les réunions. Il faut être capable de conceptualiser ce que l’on veut énoncer et le faire comprendre.
Quel est pour vous le rôle de maire en tant que chrétien et militant pour le bien commun ? Comment concilier l’éthique chrétienne et sa morale avec la soumission du maire aux autorités ?
Depuis Giscard d’Estaing à chaque mandature les pouvoirs du maire ont diminués. Le rôle du maire aujourd’hui se réduit à négocier la réfection des routes avec la communauté de commune, entretenir les bâtiments, marier les gens et fêter le 11novembre, moi je ne fait pas le 14 juillet (rires). Donc, le rôle du maire aujourd’hui est de plus en plus social. Etre exemplaire c’est là où on est chrétien !
Par exemple, si j’organise les HellFest où est mon rôle de chrétien ? Si je marie les gens et que je ne fais pas référence à l’indissolubilité du mariage où est mon rôle de chrétien ? Dans ma commune, quand je reçois dans mon bureau il y a un crucifix, j’assume et je dis que c’est ma conviction et qu’elle n’est pas négociable.
Etre maire et catholique vous vaut plein de questions. J’ai encore expliqué l’autre jour le péché originel à une de mes administrées qui venait de s’être séparée de son concubin, elle était au bout du rouleau… Je lui ai parlé de la lâcheté humaine et naturellement je suis remonté à la Genèse et au péché originel. C’est ça le rôle d’un maire !
Il y a des lois qui vont contre nous et notre morale chrétienne ça c’est sur, il faut tout simplement ne rien faire afin d’éviter de dire non. Par exemple, pour les « mariages homosexuels », on met du temps à répondre, on décale la date, on réitère, on réitère … il faut choisir ses combats !
Par plusieurs actions où la république n’est pas tenue par les lois le maire peut agir et transmettre la foi. Tout simplement, une mairie peut construire sur des terrains non constructibles, puis ensuite les donner avec un loyer symbolique à une école hors contrat ou encore, interdire Halloween lors de la fête de la Toussaint. J’appuie ma décision alors sur le fait qu’Halloween apprend le chantage aux enfants, même si les gens ne sont pas tous d’accord.
Cela peut finalement se résumer à placer Dieu au centre de vos actions ?
Oui tout à fait ! Dieu est au centre de toutes vos actions avec un profond respect pour la loi naturelle. Par exemple, il l’est quand vous retapez une église, il l’est lors du discours du 8 mai. Cette année je n’ai pas fais de cérémonie, à trois personnes cela n’avait pas d’intérêt. En revanche, j’ai remis dans chaque boite aux lettres un discours où j’ai amené les gens à réfléchir sur « qu’est ce qu’un gouvernement ? ». Et sur la lâcheté actuelle de ces derniers, ainsi que l’obligation de vérité. C’est ça être un maire catholique, toujours être dans la Vérité, le Beau, le Bien.
Aujourd’hui le maire est celui qui pacifie. D’ailleurs on l’a vu au moment des gilets jaunes, ce sont eux qui ont été cherchés et non les députés et les sénateurs.
Comment restez audible quand on met Jésus au centre de notre discours ?
Il faut toujours baser notre discours sur des arguments rationnels et non des arguments de foi, sinon c’est comme parler araméen (rires). Les gens aujourd’hui, vous leur parlez de rédemption, péché originel, je vous assure que la gamine ne sait même pas ce que c’est le péché ou la volonté divine. J’essaye par exemple de leur faire comprendre que la liberté c’est faire ce que veux Dieu.
Un de mes grands combats est de me battre contre la tolérance. Les gens me disent « Comment ? Vous êtes intolérant ? » Je leur réponds : « Heureusement que je suis intolérant ! ». Tolérez-vous quelque chose de bien ? Non. La tolérance est un aveu d’impuissance face à quelque chose qui est mauvais, lorsqu’on ne peut pas réprimer un mal sous peine d’en faire un plus grand.
Pourquoi l’engagement local plutôt que le national ?
En tant que maire je suis un élu monarchiste je ne suis pas un élu de la république, je suis élu de la France. Et il s’avère, qu’accidentellement le régime est un régime républicain. Alors oui, l’engagement à n’importe quelle échelle ça a un sens, car quand on a une loi avec les chimères, la GPA l’année prochaine, l’avortement là y a un rôle à jouer ! Y a de la place pour un type comme Poisson par exemple, je dirais même il doit y avoir des gens capable de répondre de la Vérité du bien commun sans faire carrière à la tête de l’affiche. On n’est jamais à la tête de l’affiche sauf pour se faire descendre.
J’ai pensé au Sénat il y a deux ans car le sénateur que je connaissais partait, mais je ne l’ai pas fait même si j’avais une figure de tir.
J’ai préféré le local au national pour une raison…. ma famille ! En effet, un sénateur ou un député n’a pas de vie de famille. Ca veut dire que vous êtes trois jours par semaine à Paris avec des horaires de plus en plus longs et des multiples déplacements Tous les weekends, toutes les soirées sont occupées si vous faites bien votre travail, pas si vous dormez dans l’hémicycle. Tout cela s’avérait complexe surtout que j’ai quatre enfants, l’aîné ayant dix ans. Mais si mon dernier avait eu vingt ans je me saurai présenter sans aucun doute.
Mon travail de maire est dans mon village car j’habite là, j’ai voulu transmettre quelque chose je suis un gardien, ce n’est pas un parcours politique. J’ai donc été d’abord été élu en tant que membre de la famille, puis j’ai fais un mandat en tant que maire adjoint et tout de suite un mandat au niveau de la CDC car il fallait quelqu’un qui soit capable de parler en groupe.
Le maire étant mort en exercice j’ai dû gérer la commune avec un adjoint. Et pendant qu’il était en train de mourir un adjoint en a profité pour lancer une campagne. Comme quoi c’est vraiment « Allez y Messieurs les anglais tirer les premiers ! » et c’est comme ça que j’ai été battu. Pour mon élection ma liste a eu huit sièges sur onze, mais j’étais absent ce jour là je demandais la main de ma femme (rires). Il y a des priorités dans la vie et dès le début je les avais mises.
La famille toujours la priorité !
Le parcours est donc d’abord simple élu puis maire adjoint et enfin maire. Il n’est pas simple je pense de faire table rase du passé. L’implication locale par le biais associatif est un chemin essentiel, il faut vivre localement avant de devenir le chef de la commune.
Il faut avant de commander savoir obéir !
Merci à Guillaume de Vigneral maire de Ri pour son engagement et toutes ses réponses à nos questions.
Mathilde & Benoist
Comments