Dans son numéro d’août, le patron de VSD, l’homme d’affaires Georges Ghosn, a pondu un éditorial au vitriol contre les opposants au passe sanitaire : « connard », « TA GUEULE ! », « loser » (« raté » dans la langue de Oswald Mosley), « bande de cloportes », « bas de plafond », « illettrés » et autres délicatesses.
Dans un Français digne d’un antifa de quatorze ans, avec la syntaxe d’un zèbre, il affirme que « le président a choisi la bonne option, sauve les Français malgré eux », car – s’adressant aux anti-passe – « vous ne méritez pas le débat ».
Il y avait, aux temps anciens, des bouffons du roi ou des amuseurs publics qui avaient une certaine latitude. Imperméables au délit de lèse-majesté, ils se permettaient toutes sortes de facéties que le souverain tolérait comme une soupape de liberté. Ceux-là ont disparu, regrette Didier Bourdon, l’ex-Inconnu, dans un entretien vidéo pour Marianne, avec Natacha Polony (24 juillet), où l’humouriste et chansonnier, à la croisée de la culture populaire et des humanités, citant Epictète, Clémenceau et Valéry, déplore le conformisme et la censure qui « menacent le rire ».
En lieu et place des bouffons du roi, nous avons ses bulldogs. Ghosn en est un. Attali et BHL aussi. Toujours la même élite hautaine et inconséquente, qui n’aurait pas tenu aussi longtemps qu’un cathare en face de saint Dominique, tellement leur morgue sert de cache-sexe à leur vide intellectuel.
L’hanounisation du monde, mélange de vulgarité crasse, de ricanements de hyène et d’autoritarisme assumé, est le rouleau-compresseur à tuer l’intelligence. Ou ce qu’il en reste… Ces bulldogs disent tout haut ce que l’Elysée, Matignon, le Parlement, le Conseil d’Etat, le Conseil constitutionnel et la mère Brigitte pensent tout bas. Ils sont l’allumette qui enflammera les futures manifestations.
Face à leur mépris, gardons l’unité. Oui, se faire tester constitue un encouragement à l’hygiénisme totalitaire qui nous assaille et permet aux autorités de grossir leurs statistiques bidons. Pire encore : oui, se faire vacciner ne peut qu’alimenter le discours médiatique en faveur de la ségrégation vaccinale.
Mais au-delà des analyses politiques de fond, qu’il ne faut pas négliger ni délaisser, il y a les hommes et les femmes, les vrais, qui descendent en ce moment dans la rue pour des motifs aussi divers que les Gilets jaunes autrefois. Et parmi eux, il y a des porteurs de masques, dont le geste terrible est si contraire à la civilité européenne et à notre conception du corps, qui n’en sont pas moins devenus des camarades. Il y en a même qui sont vaccinés, au risque de transmettre des gènes défaillants à leur descendance et de compromettre l’avenir de leur lignée. Mais pour défendre la liberté des Français, celle d’aller et venir dans leur propre pays, privilège normalement réservé au citoyen dans la plénitude de son statut, ces gens qui, hier, s’écharpaient autour de la table, marchent désormais ensemble.
La tyrannie sanitaire nous a unis. C’est l’erreur magistrale d’un pouvoir trop sûr de lui. Chérissons cette unité provisoire et transformons-la en foyer d’amour incendiaire pour la patrie et ses libertés.
Julien Langella
Retrouvez tous les samedis, dans le Quotidien Présent, les réflexions inspirées par l’actualité à Julien Langella, cofondateur de Génération identitaire et membre d’Academia Christiana.
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