L’abstention n’a fait qu’augmenter depuis les années 80, atteignant 51,3 % aujourd’hui. Plus de la moitié des électeurs choisissent délibérément d’ignorer une élection dont les résultats déterminent les lois qui fixeront le destin de notre pays.
« Ce qui se produit ne se produit pas tant parce que quelques-uns veulent que cela se produise, écrivait Gramsci, mais parce que la masse des hommes abdique devant sa volonté (…) laisse accéder au pouvoir des hommes que seule une mutinerie pourra renverser. » Cette mutinerie, les cadres LFI la proposent à demi-mots en évoquant un « pays ingouvernable », comme si l’absence de majorité absolue condamnait la Macronie. La vie parlementaire n’est pas qu’arithmétique électorale, il y a des majorités de compromis et, comme dans les bureaux de vote, de l’absentéisme. On imagine mal les Wauquiez & cie se dresser contre les propositions de réforme de la retraite ou la légalisation de l’euthanasie. La droite libérale ne s’oppose jamais fermement aux mesures sociétales des progressistes. Elle négociera la règlementation de la GPA comme les Girondins, sous la Révolution, contestaient aux Jacobins leur monopole de la guillotine. Quant à l’aspect économique, une seule réalité devrait nous importer : regardez Paris coupée en deux, à l’ouest le parti Ensemble, à l’est la NUPES. Dans le XVIe arrondissement, exit LR. La bourgeoisie tout entière avalée par son gendre parfait. Que la NUPES ait sa majorité ou non, le rouleau-compresseur progressiste poursuivra son avancée : élimination des improductifs (« droit de mourir dans la dignité »), commerce du corps des femmes, avortement jusqu’à vingt-deux mois pour cause de « grande détresse éducative »… Le sociétal est le seul domaine ou la MacroNUPES aura les coudées franches, trouvant dans le RN et la gauche une force d’opposition à ses projets d’austérité. La bonne nouvelle, ce sont les 89 députés RN contre 72 LFI (133 avec la NUPES). Bonne nouvelle en demi-teinte, dans la mesure où si la gauche sait s’unir, la droite, elle (si l’on y inclut le RN), demeure fondamentalement divisée. Pourtant, si l’union de la droite est un mythe, l’unité des droites, autour d’un programme commun, comme la gauche en 1981 ou en 2022, est un objectif crédible.
Toutefois, cette ambition bute sur une réalité tenace : le tabou antifasciste. En effet, la droite a perdu la Seconde guerre mondiale. Avec Adolf Hitler, on a jeté à la poubelle l’autorité (sauf pour écraser les nationalistes), le patriotisme (sauf s’il est Black-Beur-Black), les valeurs spirituelles (sauf le New Age et la Pachamama)… Le tabou antiraciste domine encore la scène politique française, c’est pourquoi Eric Zemmour réhabilitant le Maréchal Pétain avait une réelle légitimité métapolitique. N’ayant même pas gagné le droit d’être la voix qui crie dans le désert, condamné à devenir un homme politique comme les autres, normalisé, dédiabolisé, Zemmour est dézemmourisé. Nous avons perdu Zemmour, une sortie à la Jospin pourrait être la seule issue honorable. Maintenant, avec un tel camouflet, la stratégie mariniste du bloc populaire versus bloc élitaire semble se confirmer. Marine Le Pen répond aux trois besoins prégnants des Français : pouvoir d’achat (de jouir), retraite à 40 annuités (jouir pas trop tard), sécurité (jouir en paix).
Ce qui mobilise, ce n’est pas le discours sur la France. Mais sur les Français. Retour à la base de toute nation : le peuple. Le populisme n’est pas une mode, il est le premier parti de France.
Julien Langella
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