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Le Coronavirus et l’épiphanie souverainiste



Emmanuel Macron a appelé à « rebâtir notre souveraineté nationale et européenne » en produisant « davantage en France ». Le squatteur de l’Elysée découvre le fil à couper le beurre : la liberté d’être maître chez soi.


La souveraineté conditionne l’existence d’une nation : quelle est la liberté réelle d’un peuple qui dépend de lointains voisins pour son approvisionnement en nourriture, en biens culturels et en énergie ?


« Economie », du grec oikos (« maison »), est l’art de nourrir la maison et d’administrer ses ressources en vue de se perpétuer. Or, nos foyers nationaux ne se nourrissent plus eux-mêmes : nous vivons grâce au pétrole arabe, nous construisons nos bâtiments grâce au sable extrait à l’international, nous sommes vêtus par des forçats indiens ou chinois et nos fruits et légumes sont cueillis par des immigrés clandestins dans les champs d’Europe du sud.


Cette dépendance n’a même pas l’avantage qu’elle avait pour Rome au temps de sa grandeur : les nobles romains pouvaient déguster des agrumes carthaginois d’un goût pur, les Européens d’aujourd’hui s’empoisonnent avec des pesticides et des conservateurs. Nous ne sommes pas à la tête d’un empire commercial gagné par les efforts d’héroïques légionnaires en toge rouge, jouissant des mets les plus exquis de l’univers se déversant jusqu’à nos tables tel un fleuve de bienfaits exotiques et mystérieux.


Nous ressemblons plutôt aux vaches des élevages industriels, à l’estomac perforé pour être rempli de tourteaux de soja discount. L’autonomie alimentaire, énergétique, culturelle et, en l’occurrence, sanitaire, est constitutive de toutes les autres. Aucune liberté individuelle ne saurait être invoquée à son encontre.


C’est pourtant la logique de notre économie casino : le 16 septembre 1992, les opérations spéculatives de George Soros sur plusieurs marchés financiers provoquent la dévaluation de la livre et forcent l’Angleterre à se retirer du Système Monétaire Européen, ancêtre de l’Euro. En quelques heures, Soros a gagné 1,1 milliards de dollars et contraint l’une des premières puissances mondiales à changer sa politique monétaire.


Quelle liberté avons-nous quand la valeur de l’argent, celui-là même qui nourrit nos familles, peut être fixée par un homme plus puissant qu’un chef d’Etat ? Nous n’avons pas attendu le Coronavirus pour comprendre qu’il fallait se protéger de la liberté des renards dans le poulailler, mais pour le petit Emmanuel, qui a la culture générale d’un YouTubeur des années 2010, c’est une épiphanie.


Les écologistes portoricains, en butte à la colonisation financière et à la tutelle états-unienne, prônent « la souveraineté alimentaire, libérée de la dépendance envers les importations et les géants de l’agroalimentaire ; la souveraineté énergétique, libérée des combustibles fossiles et gérée par les communautés ; et peut-être également la souveraineté en matière de logement, d’approvisionnement en eau et en éducation. »


Le constat est posé, il manque l’incendiaire qui carbonisera le régime parlementaire, cette dictature des partis, pour restaurer un pouvoir politique apte à réaliser cette révolution souverainiste.


Julien Langella


Tribune publiée dans le Quotidien Présent

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