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Photo du rédacteurAcademia Christiana

Le capitalocène


Vidéo préparatoire au colloque du samedi 4 novembre sur l'écologie à Paris.






Il y a environ 10000 ans, commençait l’Holocène. La température du globe s’est stabilisée dans une fenêtre de 1°C. Cette stabilité a contribué à l’émergence de l’agriculture.


L’être humain, chasseur-cueilleur depuis trois millions d’années, s’est sédentarisé et a domestiqué des espèces végétales et animales. Seulement alors ont pu naître les villages, les villes puis les civilisations.


Les sociétés puisent dans les ressources naturelles locales pour croître. En cas de dépassement des capacités de charge de la région, la civilisation s’effondre. Beaucoup se sont effondrées.


La civilisation mondiale du système technico-capitaliste va s’effondrer. Si l’on regarde l’extinction des espèces, l’effondrement est déjà en cours. Et cela inéluctablement parce que toutes les courbes sont exponentielles (elles décollent comme des fusées) : celle de la population, du PIB, de la consommation d’eau et d’énergie, de l’utilisation de fertilisants, de la production de moteurs ou de téléphones, du tourisme, de la concentration atmosphérique en dioxyde d’azote et en méthane, du nombre d’inondations, les dégâts causés aux écosystèmes, la destruction des forêts, etc.


La population mondiale explose.

Restée sous le seuil du milliard de -10.000 jusqu’en 1850, elle atteint les 8 milliards en 2022.


Conséquences : la production de céréales explose, la consommation d’énergie explose et l’utilisation de matériaux de construction et des ressources minérales explose. L’échelle et la vitesse des changements sont sans précédent dans toute l’histoire de l’humanité.

Les conséquences sur les cycles biogéochimiques de la planète sont catastrophiques : l’effondrement est inévitable.


Contrairement au techno-capitalisme qui est infini, la planète connait des limites parce qu’elle est finie. Les limites se nomment : changement climatique, acidification des océans, déplétion de l’ozone stratosphérique, perturbation du cycle du phosphore et de l’azote, charge en aérosols atmosphériques, consommation d’eau douce, changement d’affectations des terres, déclin de la biodiversité, pollution chimique, etc. Certaines de ces limites sont déjà dépassées. Les autres le seront bientôt.


Une limite menace plus immédiatement le Système : la fin du pétrole abondant et bon marché. Le pic (capacité maximale d’exploitation) de pétrole conventionnel a été franchi. Notre industrie, notre nourriture, nos vêtements, nos transports etc. reposent sur le pétrole. Et si l’esclavage a été aboli grâce aux ressources fossiles (Arendt), il est probable qu’il renaisse avec la fin de ces énergies...


On dit qu’il faudrait opérer une transition vers un mode de vie durable. Nous n’en prenons pas la direction. Et surtout, les énergies renouvelables, en particulier l’éolien et le solaire, sont très dépendantes de métaux rares. Et puis les énergies sont cumulatives (elles ne se remplacent pas les unes les autres). Enfin, il faut des énergies fossiles pour produire l’infrastructure du renouvelable... Il y a un pic de tout : du phosphore, des poissons, des métaux, de l’uranium, du bois et même de l’eau potable, etc.


L’effondrement a déjà commencé. Avec la révolution industrielle – sans doute la seule véritable révolution de toute l’histoire de l’humanité –, nous sommes entrés dans un tunnel climatique dont nous ne sommes pas près de sortir ; si nous en sortons.


Le véritable nom de l’Anthropocène est le Technico-Capitalocène. Le Système a tué et tue des millions de personnes. Il détruit les animaux, les végétaux, la terre, les mers et l’atmosphère. Que ce Système infini sur une planète finie ne puisse que s’effondrer est une bonne chose.

Mais son effondrement emportera avec lui encore plus de morts. Il n’y pas de solution. Il y a des adaptations plus ou moins réussies en fonction de la gravité de l’effondrement. Il faut donc tenter de diminuer le nombre de morts.


Mais aujourd’hui, le Système continue à délocaliser, à déterritorialiser, à déculturer et à détruire l’écosystème.


Il continue inexorablement son travail, par les institutions internationales (FMI, BM, OMC etc.), par Bruxelles et les États qui démantèlent les services publics, privatisent les biens communs et dérégulent tout ce qui peut encore l’être.


Et quand le bras politique ne suffit plus, le Système envoie son bras armé. Que faire ?

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