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La semaine sainte : histoire et traditions des européens



La semaine sainte est un des temps les plus forts de l’année liturgique, célébrée partout en Europe depuis la plus haute antiquité chrétienne, de nombreuses traditions populaires l’accompagnent. Nous vous proposons dans cet article de découvrir les plus célèbres d’entre-elles.


Qu’est-ce que la semaine sainte ?


En brandissant ces rameaux bénis dimanche dernier, honorant Jésus-Christ nouvellement arrivé à Jérusalem, vous marquiez l’initiation d’un temps fort du Carême, la semaine sainte.

Ces rameaux arborés fièrement par les juifs scandant de joyeux « Hosanna », puisent leur signification dans la tradition juive, où l’on se souvient de l’assistance divine reçue par les peuples israéliens lors de l’Exode, et la fin de la famine, la reprise des récoltes.

Comme pour nous, va bientôt s’achever cette période du Carême, période d’ascèse et de privation en union au Christ, qui ne peut trouver d’issue qu’au cœur de la traversée de la Semaine Sainte.


Concrètement, elle est constituée de plusieurs évènements journaliers. On célèbre la messe chrismale où sont bénies les saintes huiles et confectionné le saint chrême dans la cathédrale par l'évêque ; le jeudi saint commémore le lavement des pieds (mandatum) et le dernier repas du Christ avec ses apôtres, où il institue l’eucharistie et le sacerdoce, demandant ainsi à ses futurs prêtres de célébrer la messe pour renouveler l’oeuvre rédemptrice qui s’accomplira pleinement sur la Croix. Le vendredi saint, au cours duquel le christ s’isole au mont des oliviers, et est capturé, flagellé et condamné à porter sa croix jusqu’au mont Golgotha, où il sera crucifié et mourra. Enfin le samedi saint lors de la vigile pascale, le christ ressuscite et témoigne de la victoire de la vie sur la mort.


La semaine sainte est célébrée par tous les catholiques et orthodoxes, mais les célébrations qui la composent présentent bien des différences selon les terres et les patrimoines, dressant un bon nombre de traditions populaires révélant l’identité religieuse et historique des peuples européens.





Pays latins : pénitents, Malaga, Séville, Naples, Corse, Portugal


L'Espagne ponctue cette semaine de multiples processions investies dans les rues depuis le XII et XIIIème siècle, date à laquelle se sont créées les confréries de pénitents. Celles-ci réunissent des hommes et des femmes qui s'engagent à accomplir des dévotions spécifiques ainsi que des actes de charité. Vêtus d'une tunique nouée à la ceinture par une corde et d'un capuchon garantissant leur anonymat, ils participent aux grandes processions de la semaine sainte dans les rues, à travers des cortèges où sont exhibés des autels richement ornés de dorures, moulures et autres étoffes précieuses, qui servent de supports à des groupes sculptés en bois représentant des scènes de la Passion et des personnages de l’évangile, accompagnés d’images, icônes, chandeliers d’argent, fleurs et instruments de musique. Ces processions où explose la ferveur populaire constituent aussi un catéchisme en image. C'est sans doute un des derniers lieux où le peuple communie dans un même sentiment d'appartenance communautaire enchâssée dans le sacré.


A Séville, du dimanche des rameaux au dimanche de la résurrection, 60 confréries sortent en procession pour se rendre à la cathédrale, conclure leur station de pénitence, avant de revenir vers leur point de départ. Chacune de ces congrégations conduit lors de son long cheminement ses pasos, ces autels portés à dos d'hommes. Une foule considérable de Sévillans, d'Espagnols et d'étrangers, de croyants et de non-croyants se presse dans les rues de la ville pour se recueillir ou simplement admirer le passage de ces imposants cortèges de pénitents, dont certains sont accompagnés de musique. À Málaga, les célébrations de la semaine sainte impliquent non seulement des louanges religieuses, mais rendent également hommage aux soldats, aux vétérans et à leurs familles.





Ce jour-là, un festin somptueux est préparé dans chaque foyer espagnol avec des plats spéciaux comme « La Mona » ou œuf de Pâques, de la saucisse de porc et carottes, de la crème de noisettes avec des raviolis de faisan, des truffes et du pain de Pâques.







Les fêtes de Pâques au Portugal sont aussi très populaires, et il s’y organise tout autant de processions et festivités. A Braga, au Nord, pendant la semaine Sainte, un âne porte l’image de Notre-Dame. Les processions de Burrinha et Algarve se font avec des torches confectionnées avec des fleurs sauvages, principalement portées par les hommes, accompagnées de chants. Dans beaucoup d’endroits, les processions ont lieu le soir avec des chandelles. On offre des amandes, bonbons de Pâques ainsi que des liqueurs et du vin de Porto. Offrir un cadeau aux filleuls est aussi une tradition répandue pour Pâques au Portugal. Les parrains et marraines ont tendance à offrir un Folar (gâteau), amandes ou argent.







Le vendredi saint à Naples, comme dans la plupart des villes italiennes, se déroule la Via Crucis, la visite des tombes, qui a lieu dans la matinée. Au sein de chaque église il est possible de rendre hommage à Christ mort. Le samedi saint est la journée dédiée au « struscio », ce terme rappelle la promenade le long des principales avenues de la ville, pour exhiber l’habit neuf.





En ce qui concerne le dimanche de Pâques, en général après la messe, on va à la maison pour déguster en famille l’abondant repas pascal de la tradition napolitaine.





L’esprit est le même en Corse et en Sardaigne, entre processions gérées par des confréries, chemin de croix, et pratiques pénitentielles. A Sartène, a lieu une célèbre procession du vendredi saint, où un véritable pénitent est enchaîné, portant une cagoule et chargé d’une croix, et traverse toute la ville pentue, symbolisant la montée du christ au calvaire.





France


En France et Europe du nord, la semaine sainte se vit beaucoup plus sobrement, et piété, jeûne et prière fervente sont de mise.


Dans certains régions certaines anciennes corporations ont conservé une cérémonie propre au dimanche des rameaux comme la fête des lanciers dans la Sarthe :





Le vendredi est un jour pieux, sans effervescence. Le soir du samedi saint se déroule la vigile pascale précédée de la veillée pascale. Au cours de celle-ci les paroisses organisent un grand feu, béni par le célébrant, à partir duquel on allume le cierge pascal et tous les petits cierges que détiennent les fidèles de l’assemblée. Une procession se met en place jusqu’à l’église. Des chants et des lectures remémorant la Création sont prononcés, puis à lieu la messe de la Vigile au cours de laquelle le Christ ressuscite. Un repas de fête accompagne cette résurrection, où est généralement servi un agneau. S’en suit une « chasse aux œufs » dans le jardin. Dans la tradition, on raconte que ce sont les cloches de Rome qui, en survolant les pays pour annoncer la Bonne Nouvelle, déversent des œufs en chocolats dans les jardins, les enfants prennent un grand plaisir à les retrouver, réunissant les familles toutes générations confondues.


En Alsace on prépare des gâteaux en forme d'agneaux :






Pays germaniques


En Allemagne, la fête de Pâques donne également lieu à des traditions toujours bien vivantes, comme le lièvre ou le lapin qui apporte les œufs et les cache pour que les enfants puissent les chercher.

Dans certaines régions, on organise des feux de Pâques ou bien on fait rouler des œufs dans les champs pour les rendre plus fertiles. Le plus souvent, on décore des œufs que l’on dispose dans la maison. Ces œufs multicolores servent aussi à décorer ce qu'on appelle l’arbre de Pâques, c’est-à-dire des branchages disposés dans un vase.









Il existe également une drôle de tradition dans le petit village d’Oberammegau, et c’est l'un des événements religieux et culturels les plus importants en Allemagne : les Jeux de la Passion du Christ. Ils se déroulent une fois tous les dix ans dans ce village de Bavière et relatent l'ensemble des souffrances et des supplices qui ont précédé et accompagné la mort de Jésus-Christ. Une centaine de représentations sont prévues en Bavière, avec cette particularité : les acteurs de ce théâtre très grand format sont tous des amateurs, et tous des habitants du village d'Oberammergau. Elle trouve son origine dans les vœux prononcés en 1634 par les habitants d'Oberammergau pour éloigner la peste qui sévissait à l'époque. On en est aujourd'hui à la 41e édition.





En Autriche, les gens prient et préparent des plats traditionnels : des œufs de Pâques, et un pain doux spécial appelé Osterpinze. Pendant la nuit de Pâques, de nombreuses communautés brûlent de grands feux de joie, dansent et chantent. Certains braves sauteront même au-dessus du feu. Cette tradition vient à l'origine des temps païens. Le dimanche de Pâques est l'un des plus grands jours fériés en Autriche. Les gens vont généralement à l'église pour entendre les cloches qui ont été silencieuses depuis le jeudi vert. Il y a beaucoup de marchés de Pâques avec des spécialités traditionnelles, artisanat de Pâques, souvenirs et musique traditionnelle.





Pays slaves :


Concernant les pays slaves où l’Orthodoxie règne majoritairement, le Carême prend fin lors du samedi de Lazare, le jour qui précède le dimanche des Rameaux. En ce jour l'Eglise fait mémoire de la résurrection de Lazare par Jésus à Béthanie. La veille de la célébration de la résurrection de Lazare, les 40 jours du Grand Carême sont officiellement annoncés pendant les Vêpres comme achevés.





En Russie, Pâques est une fête religieuse aussi importante que Noël, qui marque la fin du Carême. Comme pour chaque fête, les jeux et la cuisine sont à l’honneur. Du côté des traditions populaires, on trouve l’œuf de Pâques. Petits et grands se réunissent pour peindre et décorer des œufs qui orneront les tablées ensuite ou prendront part au jeu de l’Œuf. En ce qui concerne la décoration des œufs, il y a une forte tendance à trouver des œufs colorés en rouge. Pourquoi ? L’explication est historique et un peu mystique. Marie-Madeleine est venue annoncer la résurrection du Christ à l’empereur Tibère, avec comme seule offrande : un œuf, en raison de sa grande pauvreté. L’empereur ne l’a pas crue et a dit : « Comment quelqu’un peut-il ressusciter de la mort ? C’est aussi impossible que cet œuf devienne rouge ! » À ses mots, l’œuf se teinta en rouge.

La pashka (qui en russe signifie Pâques) est un dessert à base de Tvorog et d’œufs. Ces deux aliments étant formellement interdits durant le Carême, ils se retrouvent en grosse quantité dans ce dessert, avec entre autre du beurre, de la Smetana, des raisins secs, des amandes, des épices et des fruits confits. La pashka est de forme pyramidale, symbole de l’Église et du tombeau du Christ, et surmontée des lettres ХВ, pour Христос Воскрес : « le Christ est ressuscité ! »





Quant à la Pologne, pays très catholique où les fêtes de Pâques suscitent une grande ferveur et constituent la fête la plus importante de l’année, les traditions pascales sont nombreuses et très ancrées. L’atmosphère sérieuse des jours de deuil se transforme rapidement en joie et en gaîté le Dimanche et le Lundi de Pâques.


Le Samedi matin est réservé à la bénédiction des œufs décorés, de la nourriture, du sel, du pain….. Toute ces victuailles sont posées dans des paniers en osier et apportées à l’église. Ensuite se terminent les préparatifs du petit déjeuner solennel du Dimanche Pascal composé essentiellement d’œufs qui seront partagés entre les convives.


Les oeufs de Pâques, appelés Pisanki peuvent être considérées comme des œuvres d’art. A 130km de Varsovie, au musée de l’agriculture dans la ville de Ciechanów, sont exposés pas moins de 1500 magnifiques oeufs de pâques peints ou décorés. Les Pisank sont fabriqués par teinture et décorés à la cire grâce à la technique du batik.


Hongrie


L'arrosage est une tradition hongroise de Pâques. Dès l'aube du lundi de Pâques, les garçons aspergent d'eau les jeunes filles.




Pays celtes et anglo-saxons


Si en France nos chocolats sont apportés par les cloches des églises de Rome, en Angleterre, c’est le travail du lapin de Pâques, ou Easter Bunny. Les enfants croient que s’ils ont été sages, le Easter bunny cachera quelques chocolats pour eux. La tradition de Pâques ressemble beaucoup à Halloween. Les enfants vont de maison en maison pour récolter de vrais œufs décorés aux couleurs de Pâques. C’est également l’occasion pour nos voisins anglais de déguster un bon jambon en famille le dimanche de Pâques.


La cérémonie anglaise du jeudi saint (qui existe depuis le XIVe siècle) inclut sa Majesté la reine Elisabeth II. Lors de la « Ceremony of the Royal Maundy« , la Reine offre des aumônes en argent à certains citoyens seniors, choisis pour leurs services rendus à la communauté. Cette cérémonie est relativement longue, puisqu’il y a deux personnes pour chaque année de l’âge de la Reine. Comme elle a 93 ans cette année, ça fait donc 186 personnes. Le vendredi qui précède Pâques, le Vendredi Saint, est férié en Angleterre. Les fidèles sont censés méditer sur les souffrances de Jésus, et ce que ça représente pour eux. C’est aussi un jour de jeûne, et il y a les processions : il s’agit de reproductions du chemin de croix.




Le dimanche de Pâques, les Irlandais portent des vêtements neufs et certains portent aussi une petite croix en ruban vert, jaune et blanc (qui représente le symbole de la pureté et de vie nouvelle). Beaucoup d’entre eux vont à l’église pour vivre les célébrations puis les familles se réunissent pour un repas. Plus tard dans la journée, les irlandais dansent et dégustent des gâteaux.




Dans la tradition, les Catholiques ne mangent pas de viande et pas de sucreries pendant le Carême. Le dimanche de Pâques est donc le jour où ils peuvent de nouveau manger de tout. Manger des œufs marque la fin du Carême. Autrefois, des œufs en chocolat étaient distribués aux enfants après le repas mais maintenant, ils font comme les enfants français : la chasse aux œufs. Celle-ci se fait dans les maisons et dans les jardins, souvent le matin.



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