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La reconquête se fera par la sécession ! Retour sur notre colloque



400 personnes, beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes, étaient venus de nombreuses régions de l’hexagone, samedi 5 novembre, à Paris, afin d’assister au colloque organisé par Academia Christiana intitulé « Sécession ou Reconquête ? ».

De nombreux orateurs se sont succédés à la tribune durant toute la journée, tandis que les participants ont pu profiter et découvrir les nombreux stands déployés pour l’occasion.

En clôture du colloque, Victor Aubert, président d’Academia Christiana, a répondu à la question initialement posée. La Reconquête se fera…par la Sécession. Découvrez son discours de clôture ci-dessous.


Au terme de cette journée riche de réflexion, vous aurez sans doute mieux compris le sens initial de notre démarche. Academia Christiana ne prêche pas une doctrine figée ou une idéologie quelconque. Nous sommes des hommes et des femmes qui acceptent de reconnaître nos limites, et d’ouvrir un débat sans peur d’être remis en cause dans nos certitudes. Nous nous méfions des étiquettes et des slogans. Nous ne sommes ni sécessionnistes, ni royalistes, ni nationalistes, ni identitaristes ou que sais-je encore : nous sommes simplement « nous mêmes ». Nous nous posons humblement des questions car nous voulons nous engager le plus efficacement possible dans des chemins cohérents qui donnent un sens à nos vies.


En réalité à Academia Christiana, nous avons des membres qui agissent dans les deux directions : sécession et reconquête. L’opposition entre ces deux termes était-elle factice ? Aurions-nous osé vous tromper en les opposant ainsi artificiellement ?

Je ne crois pas, il y a bien quelque chose qui oppose la reconquête et la sécession. En un sens ces deux termes peuvent conduire à des impasses.


Combattre la nostalgie stérile


Si la reconquête c’est un conservatisme nostalgique, un regard en arrière vers un monde qui ne reviendra jamais, alors cela ne mène qu’à l’amertume et au ressentiment. Etre un adulte c’est aussi savoir faire le deuil de ce qui ne reviendra plus. Le « c’était mieux avant » ne pose rien de constructif, il ne fait qu’ajouter des sanglots à la longue litanie des plaintes. Ne soyons pas de ces êtres dont la seule passion est de critiquer sans cesse, et qui s’enferment dans un flux virtuel d’informations toutes plus sombres les unes que les autres.


Arrêter d’être à la remorque de l’actualité


La reconquête ne doit pas nous faire courir sans cesse après l’actualité et le bruit médiatique et « faire sécession » n’implique pas non plus de vivre en ermite sans s’informer ni communiquer. Ne soyons pas binaires : entre tout et rien il y a une infinité de nuances. Apprenons à tempérer notre avidité d’écran, sachons nous retirer ponctuellement du bruit pour nous ressourcer et prendre du recul. Quoi de mieux que les retraites dans les monastères bénédictins pour réapprendre le sens du temps long ?


Ne pas gaspiller nos énergies


Nous ne pouvons renoncer à la prise du pouvoir, mais il ne faut pas non plus continuer éternellement à placer tous nos espoirs dans les urnes. La politique politicienne tient souvent d’avantage du parasitage que du civisme. L’impossibilité d’unir les droites est sans doute davantage due à des questions financières, de personnes, de partis, plutôt qu’idéologiques.


Quand je pense aux sommes gigantesques investies dans la campagne présidentielles d’Eric Zemmour, je ne puis m’empêcher de songer à ce qui aurait pu être fait avec seulement le dixième de cet argent dans une école hors-contrat, un projet communautaire ou entrepreneurial. La médiatisation des enjeux nationaux, les mirages de la victoire démocratique nous coûtent plus qu’il nous rapportent. Certes, il est salutaire de libérer la parole, de donner aux français des porte-voix, mais cela ne doit pas se faire au détriment du reste. Faute d’avoir investi dans des projets méta-politiques : école, culture, entreprise, formation, associations, ONG… Nous nous retrouvons nus lorsque vient la désillusion électorale.


Ce n’est pas seulement de l’argent qui est gaspillé mais aussi des énergies militantes. Il est peut-être plus enthousiasmant de se mobiliser à la lumière des projecteurs pendant six mois de campagne électorale que de persévérer quotidiennement dans un militantisme discret et parfois ingrat. Les meetings présidentiels attireront toujours les masses car ils les flattent, mais je m’adresse ici aux esprits indépendants, aux futurs cadres, à ceux qui sont capables d’orienter les choses. Pour nous il n’est pas question de se laisser berner par les boniments des politicards professionnels. N’adoptons pas pour autant des postures d’adolescents rebelles à l’égard de la politique.


LA PERTINENCE DE LA POLITIQUE LOCALE


Qu’on le veuille ou non, la vie parlementaire, les conseils régionaux, départementaux et municipaux ont une incidence réelle sur le cours des choses. Certes ils sont incapables de révolutionner quoi que ce soit et leur pouvoir est très limité, mais ils conditionnent des lois et des budgets, des subventions qui seront versées ou non à nos ennemis politiques. A Academia Christiana nous avons des élus, loin de s’illusionner sur un pouvoir qu’ils n’ont pas, il font un travail simple mais rigoureux, qui consiste, lorsqu’ils sont dans l’opposition, à ne jamais laisser passer ce qu’ils sont en devoir de combattre. C’est peu de chose mais ça n’est pas rien.


Nous avons vu aussi des camarades prendre des mairies et améliorer peu à peu la gestion d’une ville. La politique locale, en particulier municipale est loin des grandes querelles idéologiques, elle s’apparente davantage à un service dans la proximité des soucis de notre peuple. Il serait à mon sens, très coupable de notre part de nous en désintéresser.

La sécession est une impasse lorsqu’elle consiste uniquement à échapper aux tracas de la vie urbaine. S’il existe aujourd’hui un séparatisme de fait des communautés immigrées d’un côté et des néo-ruraux de l’autre, cela ne constitue pas un projet politique.


SE SÉPARER AFIN DE RAYONNER


La sécession sera féconde si elle vise le rayonnement. Il est évidemment compréhensible, voir salutaire, de chercher à se protéger du déclin civilisationnel. Mettre ses enfants à l’abris de la propagande LGBT et anti-française, fuir l’insécurité galopante, s’éloigner des quartiers gangrénés par les trafics de drogue, retrouver un mode de vie plus sain, au contact de la nature sur des terres ancestrales. Mais si tout cela n’est pas suivi d’un engagement politique, au sens noble du terme, on risque simplement de constituer nos propres réserves d’indiens en laissant le terrain à nos adversaires.


À l’exemple de ce qu’on fait certains d’entre nous en Provence, en Normandie, en Anjou, en Savoie, dans les Flandres, en Bretagne, en Lorraine, dans les Vosges et sans doute ailleurs, il est nécessaire de constituer des communautés. Non pas des kibboutz entourés de barbelés, mais des écosystèmes féconds. A l’image d’un organisme sain, il faut être à la fois capable d’entretenir des rapports avec l’extérieur : pour se nourrir, croître et se reproduire, mais aussi de conserver une santé interne permettant d’empêcher toute corruption du dehors. Cela consiste à conjuguer avec équilibre nos rapports entre l’intériorité et l’extériorité : ni repli sur soi, ni fuite en avant non maîtrisée.


La sécession doit donc permettre la reconquête. Pour cela il faut adopter une vision sur le temps long, renoncer à l’immédiateté pour se consacrer à des objectifs lointains et plus ambitieux. Cesser de sacrifier la spiritualité, l’éducation, la transmission, la vie communautaire et la culture à des impératifs de court terme comme la dédiabolisation, les scrutins nationaux ou la réaction médiatique.


Il faut investir dans des bases autonomes durables, non pas des bunker survivalistes, mais des bases arrières qui nous permettent de gagner en autonomie vis-à-vis de l’Etat, sans se couper de nos contemporains. Ces bases doivent nous permettre de rayonner et non pas de nous réfugier entre-nous. Ce qu’il faut viser c’est l’indépendance à l’égard d’un système qui cherche à nous assimiler ou à nous éliminer.


• Construisons notre propre réseau économique.

• A l’exemple du Puy-du-fou, développons nos alternatives culturelles.

• Créons nos écoles libres, avec une offre diversifiée et des soutiens financiers afin qu’elles ne soient pas seulement des œuvres élitistes pour les plus riches. A terme celles-ci pourront constituer des modèles de fonctionnement la refondation d’un enseignement public sain.

• Ouvrons des maisons de l’identité qui ne soient pas des bar miteux pour pseudos-rebelles alcooliques mais des trésors de beauté et de convivialité ouverts à nos contemporains.


Victor Aubert, président d'Academia Christiana


Crédit photo : Academia Christiana

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