La gifle assénée à Emmanuel Macron aux cris de « Montjoie ! Saint-Denis ! », Dupond-Moretti humilié par Damien Rieu qui l’a qualifié de « pit-bull à rolex », Jean-Marie Bigard traitant le ministre de la Santé de « mange-merde »… Le moins qu’on puisse dire, c’est que pas un jour ne passe sans qu’une huile de la vie politique française ou du gouvernement, incarnation de la République et de ses valeurs, ne soit ramenée au réel avec brutalité.
Ce vent léger d’insubordination, d’irrespect tranquille pour une caste dégoulinante de suffisance, nous apporte un peu d’air frais. L’on pourra opposer que la « fonction présidentielle » doit être respectée et que le principe d’autorité ne sort pas grandi d’un tel exemple. Dans le contexte post-Gilets jaunes, marqué par une certaine influence des idées pro-démocratie directe, en faveur du tirage au sort ou du RIC, on pourrait y voir une dévaluation du politique, quelque chose plus proche des sans-culottes que des Vendéens…
La République est tellement enracinée dans nos mentalités que nous en oublions sa fragilité. Ce régime politique né dans le sang des innocents, passés à la moulinette de la guillotine égalitaire, est fondé sur la déconstruction. Avant la gauche « woke » et la cancel culture, il y a eu les pillages d’églises, les visages de rois martelés par les sauvages qui attaquèrent Notre-Dame de Paris à la Révolution, le calendrier républicain qui supprime les noms de saints, le « Citoyen, Citoyenne » qui remplace « Monsieur, Madame », l’abolition des privilèges la nuit du 4 août qui nous plonge dans le communisme juridique… La République est l’enfant de cette furie iconoclaste. De Robespierre à Anne Coffin, qui aime tant compter les femmes et les Noirs au théâtre, même combat !
Or, lorsque nous respectons ces bandits qui parviennent à se faire élire grâce à une moitié d’abstentionnistes et aidés par une bonne dose de manipulation médiatique, nous oublions que leur pouvoir repose sur la table rase et le mensonge, qu’ils sont les premiers terroristes à nuire aux Français et qu’aucun changement institutionnel ne peut intervenir sans nettoyer les écuries d’Augias. L’irrespect à l’égard de la « fonction » est une preuve de l’échec du totalitarisme des « valeurs républicaines », c’est donc un signe de santé mentale, d’indépendance à l’égard de la doxa médiatique.
Vous me direz : « oui mais cela prouve que, pour les Français, il n’y a plus rien de sacré ». Certes, mais redonnera-t-on à notre peuple le goût du sacré en le sommant de respecter les marchands du Temple ? Un peuple en colère est un peuple vivant. Je m’inquiète plus de l’état d’un peuple s’il est composé de moutons libéraux bêlant « Toléraaaance ! » – c’est-à-dire « indifférence » et « quant à soi » – plutôt que d’une population excédée par des décennies d’humiliation.
Un chef est respecté parce qu’il est respectable : en politique, le respect ne s’exige pas, il se mérite. C’était le sens du défi lancé par Philippe-Auguste à ses barons peu avant Bouvines : « Ma couronne au plus brave ! » Cessons donc de confondre la morale privée et les règles de la politique, qui est une arène – et l’a toujours été – avant d’être un salon de thé.
Julien Langella
Retrouvez tous les samedis, dans le Quotidien Présent, les réflexions inspirées par l’actualité à Julien Langella, cofondateur de Génération identitaire et membre d’Academia Christiana.
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