Les arbres, les forêts du pays
Sont couleurs feu aujourd’hui.
Non ce n’est pas le manteau automnal
Qui habille les feuilles de teintes vespérales,
Non. C’est la Patrie qui brûle,
Et s’embrase, et se consume.
Ils jouent les ébahis
Ces traîtres, ces bandits,
Mais leurs mains ont allumé
Les premières torches, les premières flambées
Au pied de notre chêne millénaire,
Au cœur de notre terre.
Maintenant c’est la cime
Qui s’embrase de rouge, se décime.
C’est un rouge sang,
Sang des Fils de France innocents,
Que choisit le chêne comme dernière parure,
Comme linceul, qui tache sa verdure.
De notre ancestrale forêt les plus hauts mats,
Flèches tendues vers les cieux, couronnées de croix,
Déjà abandonnées par un peuple sans foi,
S’effondrent sombrement sous le poids,
Sous les assauts des ténèbres, sous la hache
Des fils ingrats d’une Patrie blessée, des lâches.
Ils n’ont su, à leur tour, veiller la Civilisation
La porter, l’élever vers l'idéal, sans concession,
Aveuglés, ils n'ont su la chérir,
Apeurés, ils ne sauront pour elle combattre et périr.
Les têtes tombent, les larmes coulent,
Pierre à pierre la cathédrale s’écroule
En silence. Pour elle, pas un cri, pas un chant
Le peuple bâillonné, exsangue, oubli en consommant
Le peuple ensommeillé saigne et se perd
En perdant la mémoire des siècles d’hier
Il se désarme face au présent acéré,
Se jette dans l’avenir, désespéré.
Soudain le chêne s’abat au sol :
Le progrès a réussi sa course folle,
Les loups ont rongé notre gauloise forêt,
Ils surgissent dans l’ombre et dévorent sans regret
Cette mère qui les a nourris de son lait
Cette France qu’ils ont bafouée, qu’ils haïssaient.
Mais nous avions recueilli, de l’arbre précieux, sacré,
Une pousse qui sera replantée,
Que nous arroserons de notre sueur, de nos larmes.
Elle croitra après la débâcle, espérance,
Dans le terreau de nos ancêtres, notre nouvelle France.
Nous la bercerons de vieilles légendes,
Elle grandira, couvrira de ses branches la lande
Et nos enfants, protégés de son feuillage
Chanterons, rêverons des héros d’un autre âge
Et jamais n’oublierons de garder le chêne nouveau,
De veiller sur ses profondes racines. Et nos flambeaux
Ne brulerons jamais que d’une sainte passion
Eloignant les loups, les ténèbres, leur destruction.
Volia
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