Souvent, nous entendons par le mot "politique" ce qui renvoie aux élections, aux débats médiatisés et aux hommes politiques. L’état de corruption de notre république peut légitimement en dégoûter plus d’un. La crise de confiance envers les élus ne touche pas que les milieux catholiques. De plus en plus de personnes s’abstiennent d’aller dans l'isoloir et de moins en moins croient en la politique. Pourtant, "le politique" peut avoir un sens plus noble que ce sens restreint qu’il revêt lorsqu’on évoque la politique politicienne.
Le politique c’est ce qui est en rapport avec le gouvernement de la cité en vue du bien commun. Et nous sommes tous concernés à des degrés différents par cette question du bien commun.
Qu’est-ce que le bien commun ?
Le bien commun est a finalité d’une cité. Une cité peut tendre vers des biens individuels ou vers le bien commun. Une cité qui tend vers le bien commun met en place des lois justes et des institutions justes en vue du vrai bien de la communauté politique. Un vrai bien est un bien objectif, naturel et humain, c’est l’élévation d’une civilisation sur le plan humain : une société qui élève moralement les hommes. Une société qui ne se soucie pas que des ventres, qui donne aux hommes l’envie de se donner et qui propose aux hommes un destin élevé.
Nous avons tous un devoir de nous engager :
D’abord par justice car nous bénéficions tous des sacrifices de nos ancêtres. Notre langue, notre architecture, notre culture, tout ce qui fait la grandeur de la France et de l’Europe, nous le recevons en héritage, nous n’en sommes pas les auteurs. Cet héritage des générations d’hommes avant nous se sont sacrifiés, ont donné leur vie pour que nous puissions un jour y goûter et continuer cette oeuvre magnifique, cette grande domination de l’esprit.
Il y a urgence !
Ce pays s’écroule davantage jour après jour... Sa justice de collabos, forte avec les faibles, à plat ventre devant les forts, sa police au service de la république qui emprisonne les militants catholiques, ses médias prostitués à l’argent et à la bien pensance totalitaire, ses faux comiques aux ordres, son cinéma minable et veule, toujours avide de nouvelles reptations politiquement correctes, ses rebelles en carton pâte à genoux devant tous les totems de l'époque, ses artistes scatophiles, nuls et pontifiants... Nous vivons l'inversion systématique de la réalité, la négation permanente de la vérité, la victimisation larmoyante des racailles, des violeurs, des brutes, de tous ceux qui en profitent, qui manipulent; la démonisation et la diffamation de ceux qui refusent d'être des victimes satisfaites et des citoyens de troisième zone... La criminalisation du bon sens, la négation du droit à l'identité, à la simple survie, la culpabilisation biberonnée dès le berceau... Nous vivons dans un asile d'aliénés où l'on en vient à débattre de l'existence d'une différence entre les sexes, où des gamins vont à l'école maquillés et en jupe, où l'on se fait poignarder pour une clope refusée ou un mauvais regard adressé aux nouveaux maîtres, incritiquables et intouchables, où l'étranger a toujours raison sur l'autochtone, où tout a été sali, souillé, enlaidi…
Les hommes sans Dieu, des Lumières aux fondateurs de l’Union Européenne en passant par la bourgeoisie capitaliste, ils ont tout détruit. Peu à peu, l’ancien monde qu’avait édifié nos pères a été remplacé par une société matérialiste aux espérances étriquées : un appétit des biens matériels qui a succédé à la grande flamme de l’idéal qui animait nos ancêtres. Ça ne peut pas donner le bonheur aux hommes. En tant que chrétiens, tout nous pousse à refuser ce petit monde bourgeois et injuste. Il n’est pas seulement question de dire non à l’immigration, au mariage homosexuel, de reformer la SNCF et de militer pour un capitalisme plus éthique. La société de consommation pourrit l’humanité au lieu de la grandir. Nous ne sommes pas des libéraux conservateurs, nous nous battons pour un grand idéal. Et parce qu’il y a urgence c’est un devoir pour chacun de nous, non seulement de nous engager au service de la reconquête, mais de nous y consacrer de toutes nos forces et lutter jusqu’au dernier moment de notre existence, pour que ce qui fut le combat et le martyr de nos ancêtres soit un jour la résurrection. Ici tout repli sur sa seule famille, ou sur sa seule survie face à l’effondrement général serait un acte foncièrement égoïste et ingrat.
Y-a-t-il un engagement spécifique aux chrétiens en politique ?
Oui et non. Non car le politique est de l’ordre naturel. Le politique est la fin suprême de notre agir dans l’ordre naturel. C'est à dire que toute nos actions naturelles doivent viser le bien commun. Le choix de notre métier, nos engagements associatifs, les écoles que nous soutenons, l’éducation de nos enfants, tout cela doit viser le bien commun. Le bien commun est quelque chose de naturel puisqu’il s’agit d’élever la nature de l’homme : bien l’éduquer, lui donner de bonnes lois, lui faire aimer le beau et le bien. Le politique vise à créer une société dans laquelle les vertus naturelles (le courage, la tempérance, la justice et la prudence notamment) sont amenées à être cultivée dans les institutions et au niveau de la communauté. Dans une certaine mesure, un prince païen peut avoir une connaissance tout aussi parfaite, voire meilleure de ce qui mène au bien commun qu’un prince chrétien. Donc non le politique est quelque chose de naturel et n’a rien de chrétien. L’évangélisation, la mission, la diffusion du bien surnaturel c'est à dire de la grâce, des vérités de foi dans les âmes sont de l’ordre du surnaturel et cela revient à l’Église. Evangéliser n’est pas un acte politique - ou alors très indirectement, accidentellement. Le politique ce sont les affaires de la cité.
Mais oui d’une certaine manière l’engagement en politique du catholique peut prendre une dimension supérieure car sa foi l’anime dans son désir de se donner. Lorsque je fais le bien sur le plan naturel je me sanctifie. De la même manière que la prière me sanctifie, que la parole charitable, que le service rendu nous sanctifient, l’engagement politique y participe également. La vision de foi donne des ailes aux croyants, la vertu d’espérance nous aide à ne pas tout abandonner, la grâce nous pousse à nous donner plus pleinement.
Les combats du catholique en politique sont les combats de tous les hommes de bonne volonté car ce sont des combats de bon sens.
Souvent une vision fausse de l’engagement des chrétiens en politique nous incite à ne nous engager que dans la défense des valeurs morales et cela de façon très extérieures, comme si nous étions les garants de l’ordre moral, uniquement là pour rappeler les interdits. C’est une vision très étriquée de notre rôle. Nous devons cesser d’être seulement des "flics de la braguettes", présents dans les cortèges mondains des marches pour la vie, mais absents lorsqu’il faut défendre notre voisin endetté d’une expulsion, ou aider la fille tombée enceinte trop jeune et sans moyens… Nos combats doivent être ceux du réels, du bien et de la justice.
Concrètement que faire ?
Nos moyens sont petits face à l’ampleur de la tâche. Nous avons peu de prises sur la reconquête politique au niveau national. Un bulletin de vote n’a pas beaucoup d’incidence sur le cours des choses. En revanche à l’échelle locale nous pouvons bien plus peser. A l’échelle du petit village, du quartier, un engagement associatif intelligent peut aisément servir le bien commun et nous permettre de gagner en crédibilité en vue de gagner une élection locale. Voici un objectif réaliste. Je ne dis pas que chacun d’entre nous doit devenir maire. Bien évidement nous n’avons pas tous les mêmes talents. Mais nous pouvons tous faire quelque chose. D’abord nous former. Ensuite choisir un engagement qui corresponde à nos talents. Dans une association nous avons besoin de plein de talents très concrets : des personnes qui savent cuisiner, gérer un compte en banque, faire du bricolage, du soutien scolaire, donner des conseils… En mettant nos talents au service du prochain nous cessons déjà de nous plaindre et de subir et nous agissons.
Ensuite, quels critères garder en tête pour agir ?
Premier critère : le bien commun.
Est-ce que mon engagement sert utilement la Reconquista. Souvent il y a deux écueils, des engagements trop marqués qui nous obligent à ne faire que du témoignage politique, et des engagements pas assez marqués qui font que nous gâchons nos énergies à servir des convictions qui ne sont pas vraiment les autres. Essayons de trouver le bon équilibre dans la radicalité. Rien ne sert d’effrayer les gens avec des slogans et des bannières qui risqueraient de les faire fuir. En revanche nous ne devons pas perdre de temps à essayer d’infiltrer des institutions trop grandes sur lesquelles nous n’auront jamais de prises. Tout ceci est une question de réflexion, de prudence et de mesure.
Le second critère, c’est celui de la générosité.
On n’a rien donné tant qu’on n’a pas tout donné, on ne donnera jamais assez, il faudra toujours continuer le combat jusqu’à la mort. Bien évidement ne soyons pas idiot, parfois il faut savoir s’économiser pour mieux se donner, ne pas gaspiller nos énergies pour mieux les donner au bon moment.
Nous ne devons pas avoir peur des risques et même préférer la mort à une existence veule de servitude.
"Il est doux de rêver à un idéal et de le bâtir dans sa pensée.
Mais c’est encore, à dire le vrai, fort peu de chose.
Qu’est-ce qu’un idéal qui n’est qu’un jeu, ou mettons même un rêve très pur ?
Il faut le bâtir, après cela, dans l’existence.
Et chaque pierre est arrachée à nos aises, à nos joies, à notre repos, à notre cœur.
Quand malgré tout l’édifice, au bout des ans, s’élève, quand on ne s’arrête pas en route, quand, après chaque pierre plus lourde à dresser, on continue, alors seulement l’idéal se met à vivre.
Il ne vit que dans la mesure où nous mourrons à nous-mêmes."
"Brève ou longue, la vie ne vaut que si nous n’avons pas à rougir d’elle à l’instant où il faudra la rendre. »
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