Pour clôturer son année 2020 la société Boston Dynamics a publié une vidéo de plusieurs de ses robots exécutant une chorégraphie sur la musique « Do you love me » de The Contours. Vues plus de 25 millions de fois sur Youtube, la chorégraphie des « anibot » (robots essayant de reproduire des mouvements d’humains ou d’animaux) a reçu une ovation unanime du monde technologique et scientifique.
Et pour cause, la performance est de taille ! Derrière l’aspect sympathique de cette vidéo il faut prendre la mesure des récentes avancées technologiques concernant la robotique : autonomie d’énergie, fluidité des mouvements, enregistrement de déplacements complexes, équilibre, progression sur des terrains accidentés, etc.
Les robots ne sont plus des gadgets attardés d’expositions scientifiques ou des prototypes expérimentaux d’armées en quête d’innovations mais des produits performants et accessibles à tous. En témoigne la mise à la vente pour le grand public du canidé robotique « Spot » cet été.
Le robot "Spot", capable d'identifier et saisir des objets
L’objet de ses robots n’est pas de nous divertir mais, selon leurs concepteurs : « de réaliser des missions d’inspection, de détection ou de collecte de données, notamment dans des environnements déstructurés, difficiles d’accès ou dangereux pour les humains ». On a notamment pu voir le robot Spot déployé au mois d’octobre sur la centrale nucléaire de Tchernobyl ou au mois de mai, durant le premier confinement, dans les parcs à Singapour pour rappeler aux promeneurs de respecter les distances de sécurité.
Un peu partout se font entendre des discours inquiets sur l’usage qui est fait de la robotique et les dérives sécuritaires qui en découleront. Pourtant il n’est pas nécessaire d’attendre les T-800 du film Terminator pour craindre que les robots aient un impact sur notre vie quotidienne : combien de robots ont déjà remplacés les ouvriers les moins qualifiés ? combien de métiers qualifiés disparaissent chaque année avec l’émergence de l’intelligence artificielle ?
Lorsqu’un chercheur du CNRS spécialisé dans la robotique collaborative suggère que demain des robots iront « porter des verres d’eau » à nos grands-mères malades, que des drones viennent livrer sur le pas de nos portes des commandes Amazon, que l’on suggère de remplacer les chiens de bergers par des chiens robots… A chaque fois c’est la vie organique qui recule au profit de la « vie » artificielle et robotique.
Le culte de la technologie est politique. Pousser par le besoin de toujours plus d’efficacité et de production, afin d’assurer la croissance éternelle, le système détruit partout où il passe les liens qui tenaient les hommes avec leur réalité naturelle et anthropologique : le porno détruit l’amour aussi sûrement que les réseaux sociaux détruisent les relations humaines.
Apparues au XVème siècle, le thème des « danses macabres » a surgi dans l’art européen après les évènements traumatisants de la Peste Noire et la Guerre de Cent Ans. Représentant des squelettes qui entrainent les hommes dans une danse ironique et fatale, les « danses macabres » venaient rappeler que petits ou grands nous seront tous entrainés par la mort.
Aujourd’hui, sur fond de soul afro-américaine, le système technico-capitaliste nous tend une main glacée pour que nous rentrions dans sa danse. Au risque de nous réveiller demain dans un monde robotique et artificiel, un monde mort.
Sources :
Pour aller plus loin :
Georges Bernanos, La France contre les robots, Paris, Le Livre de Poche, 1999.
Comité Invisible, À nos amis, Paris, La Fabrique éditions, 2014.
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