Jean-Eudes Gannat, président de l’Alvarium et auteur d’un récent ouvrage sur le militantisme au service du bien commun, nous propose cette tribune :
Chers jeunes de Génération Z,
Je vous écris ce samedi, sans savoir exactement ce que donnera l’élection de demain. Mais au fond, qu’importent les scores pour ce que j’ai à vous dire.
Vous avez été le fer de lance de la campagne de Zemmour, et quelles que puissent être nos différences sur le fond ou sur la forme, bravo ! Bravo à Stanislas Rigault d’abord, qui le premier s’est engagé pour Éric Zemmour, alors que peu de gens croyaient cette candidature possible, et que son environnement professionnel ne s’y prêtait pas vraiment. Et qui a eu le courage -et ceci m’a particulièrement touché- de dénoncer la dissolution de l’Alvarium alors que personne n’osait aborder le sujet sur la scène électorale.
Durant cette campagne cependant, certains d’entre vous - qui posaient il y a encore 2 ans avec Wauquiez ou Copé - nous ont donné le sentiment qu’ils pensaient avoir tout compris, qu’ils étaient “la seule vraie droite” et “l’unique solution”. S’enfermant dans un entre-soi bourgeois, refusant de parler au Pays Réel qu’ils pensaient défendre, balayant parfois avec dédain ce qu’ils appelaient l’extrême-droite, c’est-à-dire ceux qui disent ce pourquoi on vous insulte, mais avec 50 ans d’avance, et qui subissent ce que vous avez subi, mais plus violemment, depuis au moins 50 ans aussi…
Mais le but n’est pas ici de nous quereller ni de vous faire la leçon ; pour la plupart vous avez fait face aux calomnies et aux agressions avec courage, et votre détermination a fait mentir ceux qui vous présentaient uniquement comme des petits bourgeois cathos futiles, déduisant de votre classe sociale -réelle ou supposée- que vous seriez forcément des lâches et des faibles.
Et demain ? C’est dans la défaite qu’on mesure le vrai courage des uns et des autres. Demain, beaucoup se rangeront, cesseront de militer ou chercheront ailleurs des places au chaud. C’est le lot commun des désillusions politiques.
Nous avons connu cela avec les Manifs Pour Tous, où toute une jeunesse s’était levée elle aussi. Comme vous, elle était majoritairement d’extraction catholique et de bonne famille. Comme vous, elle a subi de plein fouet la persécution médiatique et les coups. Comme vous, elle a été amenée à fréquenter les jeunes identitaires et nationalistes, et à réaliser que ceux-ci étaient victimes de la propagande du Système. Comme vous, elle a eu le sentiment que la vérité, le bien, le beau, la patrie, étaient bafoués. Une partie de cette jeunesse s’est rangée, a persisté dans un entre-soi mondain menant aux reniements. Pour une autre, les Manifs Pour Tous furent un électrochoc salutaire.
Pour notre génération l’avenir s’annonce sombre ; quand les vieux macronistes qui jouissent et détruisent sans entrave notre pays seront morts, une nouvelle masse électorale prendra le relais pour nous interdire tout salut par les urnes ; celle des populations immigrées. En 2012, 93% des musulmans auraient voté Hollande, et 92% pour Macron en 2017, selon le démographe Jean-Paul Gourévitch.
Pour demain, vous avez à faire un choix crucial ; ou vous persistez dans l’illusion électorale, vous condamnant, élections après élections à toujours plus de reniements dans l’espoir d’être acceptés par les français de papier et le système médiatique ; c’est la stratégie de dédiabolisation. Ou vous rejetez en bloc le républicanisme délétère, le mythe gaulliste, si ringard, le timide libéralisme conservateur, qui finissent toujours par déplorer les effets dont il chérissent les causes, selon le mot de Bossuet. Ou vous travaillez à bâtir une contre-société qui rejette en bloc les dogmes imposés successivement depuis 1789, 1945 et 1968 ; c’est l’optique nationaliste, identitaire, sécessionniste ; appelez-la comme vous voudrez.
Il ne s’agit pas d’aller se réfugier dans les bois avec une plume dans le derrière, ni de rejeter à tout prix les élections. Il s’agit de comprendre que ces dernières sont certes un moyen de parler à nos concitoyens, mais pas une fin. Il s’agit de comprendre que s’il doit y avoir une “union des droites” susceptible de changer radicalement les choses, c’est celle qui refuse les mirages de la société marchande et les compromissions avec des politiciens ayant passé 20 ans dans le camp des ennemis de la France. C’est celle qui bâtit des communautés quand tout s’effondre. C’est celle qui sait au fond -et assume- que la droite républicaine, ça n’existe pas, ou ça n’est plus la droite…
Chers jeunes de la Génération Z ; notre génération sait que son pays est menacé de mort. Continuera-t-elle à parler des héros qui ont tout donné pour lui, ou essayera-t-elle de leur ressembler, quelles qu’en soient les conséquences ? Dès demain, vous pouvez contribuer à répondre à cette question.
Ensemble, par-delà toutes les guerres de chapelles, formons une jeunesse utile qui bâtit quand tout s’écroule, loin des mirages médiatiques et des illusions court-termistes. L’Alvarium, Academia Christiana et de nombreuses autres structures n’attendent qu’à être imitées ou rejointes par la jeunesse patriote.
En avant !
Jean-Eudes Gannat
Bonjour, Merci pour cet article. Plusieurs choses me questionnent. Si vous proposez de mobiliser et réunir des forces et des hommes partageant une doctrine commune, et puisque vous refusez l'élection, je comprends mal ce à quoi vous voulez confronter cette nouvelle masse. J'ai l'impression de retrouver la même rhétorique de chez les gauchistes qui vont vivre dans le Larzac et espérer faire "sécession" de ce monde marchand etc, je m'étonne de retrouver une terminologie semblable, d'ailleurs, entre eux et vous. En somme, que faire de nos énergies si elles ne doivent être, comme vous semblez le défendre, converties en voix électorales ? Comment nous organiser ? Sinon à vivre dans de petites sociétés, dans un entre-soi qui n'ébranlera jamais l'Etat-Nation et…