Entretien avec Julien, professeur de boxe thaï lors des universités d'été d'Academia Christiana
– Quelles sont les vertus du sport de combat ?
Les bienfaits du sport et de la boxe en particulier, c'est de s'entretenir intellectuellement et physiquement. D'apprendre en particulier dans les sports de combat et de contact l'humilité. On donne des coups, mais on en prend aussi beaucoup, parfois par des gens qui sont censés être moins forts que nous, car plus petit, ou autre. Ce qui pique d'autant plus l'orgueil au vif.
L'entretien physique est primordial : un esprit dans un corps sain. On ne peut prétendre à être un homme debout si on n'est pas capable d'affronter une certaine forme de « violence », même contenue dans le cadre sportif. A la différence de la violence de rue, qui nous amène à affronter des individus qui n'ont pas de règles.
Enfin dans le sport, on apprend à se dépasser, à repousser ses limites, ainsi que la maîtrise de soi. La boxe n'est pas un sport pour les gens violents, contrairement à ce qu'on pourrait penser. C'est à l'inverse pour ceux qui ne veulent pas l'être et contenir tout ce qu'ils ont parfois de rage en eux. C'est un très bon catalyseur. Je dirai même que plus on boxe et moins on a envie de se battre. Car quand on prend des coups et qu'on en donne, on sait que ça peut faire très mal.
– Estimes-tu que le contexte actuel devrait nous inciter à pratiquer un sport de combat ?
J'incite à deux choses. D'une part le contact avec les gens de la rue, les « racailles ». Ce sont des prédateurs sans règles. Il faut apprendre à connaître leur psychologie, leur façon de penser et de voir le monde. Dans la rue, il n'y a pas d'arbitre. Les racailles prennent par surprise, à 4 contre 1, avec des armes. Ce n'est pas trop l'esprit Coubertin. Donc le mieux c'est de les éviter, car même si vous pratiquez un sport de combat, vous ne serez pas forcément apte à les affronter.
Dans un second temps, il est indispensable, et de plus en plus, de savoir se défendre, encaisser des coups, en redonner efficacement. Car, et c'est lié avec le premier point de la psychologie humaine, plus vous savez vous battre, plus les gens le ressentent. Plus vous avez confiance en vous, plus ça se ressent à l'extérieur. Les prédateurs sont comme des requins qui n'attaquent que les proies blessées, ce sont des charognards, qui ne viennent vers vous que s'ils sont sûrs de gagner. En réalité, les racailles sont des froussards. Ils ne viendront jamais en un contre un. Ca n'existe pas.
Il est donc important de savoir se battre. Car il sera de plus en plus nécessaire malheureusement de devoir défendre ses proches, sa famille, femmes et enfants si on en a. Et même pour les femmes, c'est important, savoir par exemple donner s'il le faut un coup de pied et courir pour échapper à une situation dangereuse.
Donc je dis pas que la pratique d'un sport de combat vous assure la victoire à tous les coups. Mais vous engrangez de la confiance, et vous la projetez autour de vous. Plus vous vous battez, moins vous avez à vous battre. Ce qui est agréable car la rue est un monde à part. Un gros cartonneur sur un ring ne le sera pas forcément à l'extérieur, et inversement, même si l'un prépare à l'autre.
– Peux-tu présenter la baffe lutécienne ?
La baffe lutécienne est une des ramifications du mouvement d'action sociale, qui a fermé boutique il y a peu. C'est né de la volonté il y a 6/7 ans de créer nous mêmes notre propre structure dans Paris. Tous les lundis, nous nous retrouvons entre camarades pour s'entraîner, ce qui est toujours agréable, même si c'est bien de se confronter un peu aux autres de temps en temps. Nous avons notre propre programme d'entraînement. On peut faire du pied-poing, du sol, du MMA. Certains camarades sont pointus en self-défense pure... Nous sommes réellement autonomes des autres structures parisiennes.
Venez, inscrivez-vous. Si ce n'est ici, ce sera ailleurs. Faites des sports de combat, entraînez-vous, soyez humble, et battez-vous toujours, sur et en dehors des tatamis.
Plus d'info sur : https://www.facebook.com/baffe.lutecienne/
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