Fabrice Hadjadj est un écrivain et philosophe français, directeur de l’Institut Philanthropos.
En 2019 il publie À moi la Gloire (1) , un essai visant à réhabiliter cette notion qui s’est au mieux étiolée au fil du temps, au pire a vu son sens devenir tabou.
L’idée maîtresse du livre réside dans le fait que la gloire telle qu’elle a toujours été conçue
n’est pas la recherche d’une « vaine gloire » mais plutôt la recherche d’une certaine renommée
donnée soit par nos égaux ou mieux encore par nos supérieurs. Et dans ce cas comme dans l’autre, c’est d’un autre que dépend la renommée de l’athlète ou du héros. Celui-ci se met de facto en position d’humilité.
La gloire de Dieu se manifeste et s’agrandit par la gloire de ses créatures et par celle de son
Fils. On parle bien ici de la gloire extérieure de Dieu et non de sa gloire propre car « De la gloire, je n’en reçois pas qui vienne des hommes » (Jn 5, 41).
De ce fait la Croix n’est pas pour nous un signe mortifère engendrant des êtres miséreux attendant d’être sauvés, mais au contraire un signe glorieux de grande fécondité.
C’est ainsi que le Christ le dit lui-même : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes. » (Jn 14, 12)
Bien sûr un excès de gloire n’est jamais souhaitable, ce fut notamment le cas chez les
Romains qui prenaient pour Dieu ce qui n’était qu’un don du divin, à savoir la gloire humaine
symbolisée par la Rome impériale. En revanche, la recherche de gloire est ce qui met en mouvement tout être pour engendrer. Le Fils déploie tous ses dons non par égoïsme mais pour manifester l’abondance du Père et par là porte une fécondité propre.
Le livre de Fabrice Hadjadj est en opposition avec un certain esprit catholique de notre
époque en ce sens que l’humilité contemporaine est un « manteau brun couvrant plus de poltrons que de saints » comme l’affirme le texte scout. L’auteur nous encourage a contrario à cultiver nos talents mais également – telle la ville située sur la montagne éclairant le monde – à adopter une générosité du paraître.
Enfin il existe un lien étroit entre le héros et le poète. En effet, la gloire du héros se manifeste
au Monde dans la mesure où un poète chante et transmet ses exploits. Mais alors nous pouvons
nous demander lequel précède l’autre ? En effet, le héros qui s’évertuerait à chanter lui-même ses exploits tomberait dans l’orgueil, et ses actes perdraient de leur valeur. Un exemple où les chants épiques ont galvanisé nos troupes est bien sûr sur le champ de bataille de Bouvines. Durant des heures les Français se sont remémoré la chanson de Roland pour se donner du courage et ainsi permettre la victoire.
Alors continuons à chanter les hauts faits de nos aînés, devenons les poètes de notre temps
et nous engendrerons bientôt des générations de héros !
(1). Gloire: Clara cum laude notitia de bono alicujus (connaissance claire accompagnée de louange du bien accompli par quelqu'un)
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