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Photo du rédacteurJulien Langella

Entre le marteau macronien et l'enclume cégétiste

Dernière mise à jour : 29 déc. 2019


Les Français sont pris en étau entre Jupiter et Héphaïstos : l’un prononce des arrêts définitifs pour tous, souvent arbitraires et en dépit du bon sens ; l’autre crache son feu amer à la surface de la terre, légitime colère suscitant moult dommages collatéraux (coupures d’électricité « ciblées » ratées, immobilisation des transports, etc.) Le droit de grève était un acquis de l’Ancien régime remis en cause par la Révolution bourgeoise (loi Le Chapelier) puis restauré par la IIIe République, sentant l’haleine brûlante du socialisme lui chatouiller la nuque, après 40 ans de combat politique des catholiques sociaux et royalistes légitimistes, c’est-à-dire « l’extrême-droite ». Le droit de grève bien compris est la juste colère des travailleurs volés par un patron indélicat ou un Etat rapace. Mais au diable le verbiage juridique : « droit à », « droit de »… La société n’est pas que l’harmonisation de droits particuliers mais un rapport de force qui exprime une vérité. Alors, en voilà une : un gouvernement qui ne parvient pas à parler le langage du peuple et qui, par sa surdité, jette les agents du service public, ses propres employés, dans les bras de syndicats hostiles, n’est pas un gouvernement respectable mais une bande de racailles en col blanc qui ont oublié ce que les « vrais » gens ressentent car ils ne respirent pas le même air. Aussi désagréables soient-ils, les grévistes sont des hommes simples qui ont trouvé un langage viril et sans hypocrisie du côté des syndicats alors que c’est à l’Etat, bouclier de la nation, de porter une parole de fer et de douceur, simple et ferme à la fois, qui devrait interpeller tout un chacun.

« Ce n’est pas un gouvernement respectable mais une bande de racailles en col blanc »

Quand président, ministres et parlementaires renonceront à leurs « régimes spéciaux » et donneront un vigoureux exemple de simplicité spartiate, par exemple en divisant leur salaire par deux et en renonçant à leurs avantages fiscaux et fonciers, alors la CGT et la CFDT perdront des adhérents, séduits par l’exemplarité de chefs qui pratiquent ce qu’ils prêchent. Au diable cette convenance bourgeoise qui ligote notre amour-propre dans une politesse scrupuleuse à l’égard du pouvoir : celui-ci ne mérite pas notre respect. Le banquier d’affaires qui squatte l’Elysée a été élu par deux Français sur dix, symbole du discrédit « démocratique », et a envoyé gazer et éborgner des Gilets jaunes innocents. La violence est d’abord du côté d’un pouvoir hostile à son propre peuple. Quant à celle des syndicalistes, rappelons qu’aucun changement profond ne s’est fait sans violence. Les parlementaires britanniques n’ont pas émancipé l’Irlande, c’est l’IRA qui l’a fait. Le culte catholique a été rétabli au Mexique par la Cristiada, non par des pétitions. Les incendies d’églises et les assassinats perpétrés par des Républicains espagnols dès 1931 n’ont pas été interrompus par des cercles de parole et des stages de yoga, mais par les balles des nationalistes. Aussi mal dirigées soient-elles, ce ne sont pas les actions de blocage qui sont en cause mais ceux qui les suscitent, au sommet de l’Etat. Ceux-là doivent répondre d’un terrible crime, celui d’avoir monté les Français les uns contre les autres. En attendant, nous, artisans de paix, semons la vérité.

Article de Julien Langella paru dans Présent le samedi 21 décembre 2019.

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