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LMPT, Gilets jaunes, zadistes : tous en colère, tous ensemble ?


Plusieurs fièvres traversent le quinquennat Macron : la fièvre catholique pro-vie, qui s’incarne dans LMPT et l’opposition aux grands projets de déconstruction conjugale et familiale ; la fièvre populiste transpartisane, exprimée par les Gilets jaunes, qui réclame la justice fiscale et l’équité sociale ; et la fièvre écologiste au sens large, dont la ZAD de Notre-Dame des Landes fut l’expression paroxystique. Pour autant, la République gouverne mal mais se défend bien et la Macronie traverse indemne ces épidémies de colère populaire.

Sociologiquement, ces révoltes sont différentes : on n’imagine mal Wenceslas de la Roubière, pantalon rose et col relevé, coudoyer Jean-Marc le buraliste, bloqueur de péage autoroutier le dimanche, et Kévin le crasseux, un pied dans l’herbe d’un champ de blé et le nez dans l’herbe de cannabis. Toutefois, les trois s’inscrivent inconsciemment dans le même combat : le rejet de l’étatisme technocratique, de la marchandisation libérale et de l’oligarchie dominante.

« Chacune de ces colères veut défendre le réel, du moins une partie de celui-ci : la famille d’un côté, le fruit du travail de l’autre et, enfin, la nature ».

Wenceslas est révolté contre ces énarques qui prétendent redéfinir la famille et s’oppose au commerce du ventre des femmes. Il lui manque un cœur populiste, une chaleur révolutionnaire appuyée sur une réflexion autour de la légitimité du pouvoir, du respect des lois et de la résistance au tyran, à la lumière de saint Thomas mis en pratique par Jean Bastien-Thiry. Jean-Marc, lui, conchie le saccage économique de la mondialisation et la surdité des gouvernements successifs, comme le clientélisme des partis, mais peut sombrer dans le matérialisme en s’arc-boutant sur la défense du « pouvoir d’achat » au détriment du combat des valeurs et de la bataille culturelle, qui détermine aussi les rapports de force. Quant à Kévin, il défend la vie des papillons mais pas celle des enfants à naître, il est prêt à mourir pour la Création mais insulte le Créateur et veut combattre le « néolibéralisme » tout en y adhérant sur le plan des mœurs, via un mode de vie anomique.

Chacune de ces colères veut défendre le réel, du moins une partie de celui-ci : la famille d’un côté, le fruit du travail de l’autre et, enfin, la nature. La famille, l’effort, le terroir : trois piliers de la civilisation. La famille, école de civisme et de solidarité ; l’effort, mère de l’indépendance et de la grandeur ; le terroir, source de notre identité et de toute vie. De la même manière que l’union des droites ne parviendra jamais à créer un parti conservateur unique, l’union de ces colères pro-famille, populiste et écologiste ne provoquera certainement pas un front uni mais n’en demeure pas moins légitime, tant la simultanéité des jacqueries est nécessaire pour accoucher d’une révolution. C’est bien ainsi que la monarchie est tombée : alliance inconsciente des francs-maçons, des républicains et des monarchistes libéraux, et convergence des catastrophes : hiver 88, crise financière et Etats généraux. Pour défendre la vie, toute la vie, des papillons à nos vieux en passant par les fœtus, les paysages de nos patries charnelles et l’identité du peuple français, il faut aller jusqu’aux périphéries de nos habitudes partisanes et s’engager partout.

Article paru dans le quotidien Présent, le 3 octobre 2019.

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