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L'Étincelle

L'étincelle : Les gilets jaunes - bilan et perspectives


Le dernier numéro de L'Etincelle est sorti !

[EDITO]

Des images d'un Paris en feu, que resterat-il dans quelques mois, dans quelques années ?

Qui se souviendra, les derniers ronds points «libérés» par les CRS, les dernières peines de prisons prononcées et les dernières vitrines remplacées, du formidable élan d'espoir qu'ont porté les gilets jaunes.

Si nous n'y prenons garde, si nous gardons pour nous cette fièvre populaire, ces espoirs d'union si vite engloutis par des logiques d'appareils et des kapos prétendument antifascistes, seule la grande presse à travers ses articles biaisés et ses photos spectaculaires écrira l'histoire.

Comme d'habitude, et comme elle le fait déjà, elle en gommera les aspérités, les diversités, elle retirera de sa grille de lecture les éléments qui ne «collent» pas. Cette parole populaire et nationale portée sur les ronds-points, réclamant de vivre libre chez elle, ce ras le bol fiscal ne réclamant pas un SMIC à 3000 € ou un nouvel ISF, mais simplement de pouvoir vivre dignement de son travail, disparaîtra sans doute, noyée par les revendications traditionnelles d'assistanat des professionnels de la contestation.

C’est une réalité que le mouvement a profondément muté depuis ses origines. Cette comète a été déviée de son orbite, et ce qui aurait dû, de par la simplicité de ses revendications et l'unanimité de ses soutiens populaires aboutir à une révolte comme seule la France sait les mener, n'a pour l'heure évolué que vers un énième mouvement social, parodie de mouvement syndical. Alors, avant que les souvenirs ne s'estompent, avant de retourner dans le traintrain, fait de soumissions quotidiennes et d'espoirs inavoués, nous devons prendre la plume pour témoigner. Dire ce que nous avons vu, entendu, ces pistes de réflexions qui nous ont semblé intéressantes et qui ont parfois confirmé de vieilles intuitions, ou au contraire disqualifié certaines illusions ou fantasmes.

Ce numéro, pour rester dans la ligne initiale du mouvement, ne veut représenter que lui même et en aucun cas la position de l’ensemble des gilets jaunes. Nous ne prétendons pas être porte-paroles.

Nous souhaitons simplement écrire l’histoire, une histoire du mouvement des gilets jaunes lui qui par la naïveté de ses acteurs, se lançant parfois dans la rue pour la première fois et bousculant les codes établis des mobilisations traditionnelles, a su entrer par la grande porte dans les conflits sociaux du XXIe siècle.

Prions pour que celui-ci soit un nouveau coup de boutoir dans la porte du pouvoir étatique et non le chant du cygne de ceux qui se battent encore dans ce pays.

Nous avons l’intuition que ce mouvement marquera l’histoire, mais pour ce faire, il faut le documenter, l’intérioriser, l’analyser, en comprendre ses ressorts et ses faiblesses, les raisons de ses petites victoires et de ses grands échecs.

Surtout, en face, l’Etat va faire le bilan. Déjà il commence à le faire, renforçant son arsenal judiciaire, passant le mot aux parquets afin d’accentuer la répression, déve-loppant ses réseaux d’écoute envers le peuple français.

Nous vivons aujourd’hui un moment d’histoire et seuls les enseignements de ce moment nous permettront demain de continuer à y participer. Nous prétendons ici, commencer à en tirer les leçons, l’histoire jugera si nous fûmes visionnaires ou fous.

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