En attendant le grand soir il y aura beaucoup de petits matins !
Personne ne peut avoir la certitude qu’il connaîtra au moins une fois dans sa vie la révolution ou le grand soir.
Si nous agissons en vue de la révolution ou du grand soir, il ne faut pas que la distance qui sépare ceux-ci de l’instant où nous vivons nous procure le découragement. Le but que nous nous fixons est un horizon, il permet de soutenir notre idéal, il n’est pas pour autant un mirage, mais il faut simplement le concevoir sur le long terme.
Nos efforts ne sont pas vains parce que nous ne voyons pas leur fruit immédiat. Pensez-vous que l’on puisse dire d’un bâtisseur de cathédrale qui serait mort avant d’avoir vu l’édifice fini, qu’il a vécu pour rien ?
Notre univers technologique crée en nous le besoin de résultats immédiats, d’où une certaine frustration pour notre génération lorsque les choses n’avancent pas aussi vite qu’on l’espérait (études, amour, politique…). Les choses humaines vont lentement, la technique peut certes accélérer les moyens de communication, mais les changements en profondeur s’opèrent sur plusieurs décennies au moins. Ce sont souvent les enfants ou les petits enfants qui récoltent les fruits semés par les générations qui les ont précédées. Il faut donc se persuader que notre combat politique s’inscrit dans le long terme, il faut être patient et surtout persévérant.
Il est courant de rêver d’actions héroïques, de guerres éclairs, de prise du pouvoir par la force, de lutte armée contre l’envahisseur. Ce genre de choses arrivera peut-être mais cela ne tombera jamais du ciel comme un événement salvateur sorti de nulle part. Il n’y a rien de plus pathétique que ces anciens militants politiques, qui après s’être engagés un ou deux ans, renoncent à tout effort sous prétexte que cela est inutile, et attendent patiemment l’homme providentiel ou la révolution magique.
Nous devons faire humblement la révolution à partir des petites choses du quotidien . Notre navire a besoin de pilotes mais aussi de matelots. Il n’y a de tâches ingrates qu’en apparence si elles servent le bien commun. Academia Christiana a besoin de rédacteurs d’articles, mais aussi de cuisiniers, d’hommes ou de femmes qui pensent aux petites choses nécessaires sans lesquelles notre oeuvre ne ressemblerait qu’à un délire d’intellectuels totalement déconnectés des réalités pratiques et concrètes.
Si nous prétendons avoir un projet de société, il faut que nous soyons capables de gérer le quotidien : nourriture, entretien, propreté, politesse, accueil; c’est d’abord ça une société ! J’ai davantage confiance en une personne que je vois passer le balai et ramasser les déchets en fin de soirée qu’en un type qui me raconte ses bagarres en fin de manifestation.
La clef de notre engagement c’est donc une vision sur le long terme, une humilité dans la manière d’envisager nos actions quotidiennes et surtout la persévérance !