Si nous célébrons le 21 janvier comme un jour de deuil, si nous commémorons aujourd’hui le pire régicide de notre histoire; c’est d’abord parce que l’acte d’exécution de Louis XVI préfigure une ère politique nouvelle de laquelle nous ne sommes malheureusement toujours pas sortis.
Lors des précédents régicides on s’attaquait avant tout à la politique ou à la personne du monarque. Lors de la décapitation de Louis XVI c’est la figure du père de la nation qui est visée : on a voulu mettre fin à une transmission et détruire à jamais la figure qui symbolisait l’unité de notre peuple. La mort de Louis XVI c’est l’acte liturgique, le sacrifice rituel, par lequel la république s’institue en ordre nouveau.
« Tuer le père » c’est aussi faire des orphelins :
La république est une machine à produire du déracinement, partout où elle agit elle cherche à couper les liens qui avaient mis des siècles à se développer de manière organique. Le déracinement déracine tout sauf le besoin de racines.
Cette société qui avait poussé par le bas, en prenant racine dans les vertus européennes et chrétiennes, se verra dorénavant dicter par le haut ses lois et ses principes. Autrefois la paroisse, la coutume, la tradition, les corporations, les parlements locaux donnaient sa forme à la France, désormais ce sont les écoles républicaines, les ministères du grand Etat jacobin, le dogme du progrès sans fin, l’émancipation libérale de toute limite, et la loi de l’argent qui détruisent chaque jour un peu plus l’identité de notre peuple.
Ce sont les lois tirées d’une raison orgueilleuse, débarrassée de toute tradition, repue d’hédonisme bourgeois qui s’imposent contre le bien commun, pour le bien particulier d’une petite minorité qui constitue le camp du progrès, le camp de l’argent, le camp de ceux qui ont refusé toute dimension transcendante, camp qui opprime et fait souffrir les français depuis le 21 janvier 1793.
Pourquoi faire mémoire ?
Pourquoi commémorer quand nous pourrions consacrer ce temps à construire un nouvel édifice politique ? A cela nous répondons que nos âmes seront impuissantes si elles sont vides. Notre combat militant s’enracine dans l’histoire, et nous sommes là aujourd’hui pour puiser des forces dans notre passé. C’est notre regard sur cet événement qui détermine notre vision politique. Aujourd’hui notre rassemblement symbolise notre révolte contre le monde moderne, notre présence à ce cortège funèbre signifie que nous identifions la racine du mal français et européen dans la révolution française et c’est ici que prend sens tout notre combat politique.
Depuis 1789, nous subissons défaites et revers, beaucoup de nos révolutions ont échoué et pourtant nous continuons à nous battre après des générations de résistants. Nous continuons à proclamer que ce système est inique. Aujourd’hui plus que jamais nous devons envisager notre combat en fixant son commencement : la révolution française !
Nous devons puiser des forces pour être capable de nous relever de nos échecs, pour analyser nos impuissances et faire face à notre adversaire. Notre combat doit se faire dans les petites choses, nous devons commencer par nous reconquérir nous mêmes. Par être chacun fidèle à notre idéal.
Ne nous trompons pas ! L’hommage rendu aujourd’hui à Louis XVI n’est pas la complainte d’enfants mal aimés se noyant dans leur chagrin, cet hommage c’est le recueillement nécessaire avant le combat de demain : car demain nous pousserons le cri de guerre de ceux qui ne veulent pas subir !
Discours prononcé par Viktor Ober à l'hommage rendu à Louis XVI le 20 janvier 2018 par l'Action Française.