I) CE QUE NOUS VOULONS
1) Un ordre social juste pour les Français
Nous voulons que notre pays renoue avec son âme française, c'est-à-dire avec notre histoire. Autrement dit : vivre de notre identité. Nous croyons que la tradition n’est pas le passé mais ce qui ne meurt jamais. Nous voulons que notre identité perdure. Provinciale, française, européenne et catholique, notre identité est une richesse. Nous ne sommes pas des conservateurs de musée, nous brûlons d’un ardent désir de vivre ici et maintenant de nos traditions millénaires.
Nous voulons également la justice et militons pour un ordre politique régi par les lois qui transcendent la volonté des hommes. Notre norme, c’est le réel, c’est-à-dire la nature créée par Dieu. Enfin, parce que nous sommes catholiques, nous voulons que l’ordre politique n’ordonne rien qui soit contraire à la foi et n’interdise rien qui soit exigé par elle. Nous ne sommes pas les gardiens aigris d’un nouvel ordre moral, mais simplement les porteurs d’un ordre politique apte à servir le véritable bien commun.
2) Reconquérir notre pays au niveau qui est le nôtre
Nous ne sommes pas des Don Quichotte, ni des révolutionnaires utopistes qui rêvent de faire renverser le « pouvoir » par un petit groupe de marginaux. Nous connaissons nos ennemis ultimes et savons qui, en dernière instance, occupe les places fortes du système. Nous savons bien évidement que notre combat comporte une grande dimension eschatologique, mais nous restons humbles, c’est-à-dire réalistes quant à nos capacités. Non, malheureusement nous ne constituons pas un groupe suffisamment puissant pour affronter de manière frontale ce rouleau-compresseur mondialiste. Croire le contraire serait un grave obstacle à notre efficacité.
Nous préférons donc viser ce qui est à notre portée. Notre tâche est titanesque mais nous l’accomplirons comme des fourmis. Rappelez-vous que quelques parasites qui se multiplient peuvent venir à bout d’un édifice. Mais il ne s’agit pas seulement de détruire un système qui nous détruit, mais aussi et surtout de reconstruire un édifice en ruines, voire en cendres.
3) Le réseau comme point de rayonnement
Adressons-nous à cette partie du peuple français qui demeure attachée, aussi imparfaitement que ce soit, à son sol et son identité. Et surtout, appuyons-nous sur les réseaux existants : les élus ou hommes politiques libres qui nous sont sympathiques et les réseaux catholiques. Les catholiques sont, en France, le dernier « pays réel », la dernière communauté de Gaulois enracinés et reliés entre eux. Cela ne peut pas être ignoré. Bien sûr, certains catholiques sont parfois bien plus éloignés de ce que nous défendons que certaines personnes issues de la France périphérique, mais peu importe : les réseaux sont là, il faut les utiliser. Il y aura toujours des bourgeois et des pharisiens pour s’opposer stérilement à nos entreprises, ce sont les conditions normales de la guerre dans laquelle nous sommes engagés.
"Nos mots d’ordre sont : localisme, identité, autonomie, enracinement, constructivité."
Localisme : nos échanges et nos travaux de cet été nous ont maintes fois prouvé que le localisme était la seule voie désormais viable pour traiter les problèmes qui sont les nôtres. Au niveau local, nous pouvons encore agir, là où nous vivons quotidiennement : village, entreprise, quartier. Ce sont dans les petites communautés que nous pouvons être entendus, être reconnus pour nos efforts et donc accéder à des responsabilités.
Identité : nous sommes catholiques et identitaires ! Nous croyons qu’il n’y a aucune contradiction entre foi catholique et identité européenne, régionale ou nationale car nos identités sont imprégnées de catholicisme et parce que notre foi assume la nature humaine dans toutes ses facettes pour l’élever. Nous croyons également, comme le disait Jean-Paul II que l’identité est « un trésor unique de contenus spirituels et culturels », moraux et esthétiques, dans lequel nous trouvons des vaccins contre le déclin de l’Europe et des forces pour la reconstruction. Enfin, nous pensons que la vitalité de nos identités est une condition sine qua non de la survie du catholicisme en Europe, qui sera chassé par l’américanisme ou l’islamisme : les deux bras armés du mondialisme qui nous menace aujourd’hui.
Autonomie : nous sommes fondamentalement attachés aux libertés traditionnelles, parce que nous faisons confiance dans les capacités de chacun à gérer leurs affaires à leur niveau. C’est le principe de subsidiarité. Nous l’étendons au domaine alimentaire et à d’autres aspects de la vie en commun, car nous croyons que la reconquête passe par le détachement à l’égard de la société industrielle nomade et l’autosubsistance. À Rome et en Grèce, la citoyenneté pleine était rattachée à une terre où poussait de quoi nourrir la communauté. Pas de liberté sans autonomie, pas de reconquête sans maîtrise de son environnement.
Enracinement : dans une époque où tout est plus que jamais fluide et cosmopolite, nous avons besoin de nous enraciner dans une terre où puiser les réserves morales pour nous défendre contre la dissolution dans le magma commercial.
Constructivité : sortons de la culture du bon mot assassin, des rivalités stériles entre hommes de bonne volonté et encourageons chaleureusement toutes les initiatives positives qui émergent ici ou là et vont dans le sens du bien commun.
II) LE COMBAT SOCIAL ET PERSONNEL
L'essence de ce combat
La voie sociale, communautaire et personnelle est un combat dont l’essence est de construire ou de restaurer au niveau local, là où l’on est, des corps sociaux. Ceux-ci sont, d’une part, préservés de l’esprit du monde moderne, mais d’autre part et surtout, conformes à la vision précédemment définie : en vue du bien commun et conforme aux principes d’identité, d’enracinement, d’autonomie, de localisme et de constructivité. Ainsi, l’ouverture d’un bar ami pouvant accueillir les activités de la communauté (conférences, dédicaces, etc.) ou celle d’une école hors contrat répondent à cet objectif. La tenue de cette conférence ou de l’université d’été Academia Christiana sont autant d’illustrations possibles du bien-fondé de ces initiatives.
Se reconquérir soi-même : être cohérent
L’engagement dans ce combat social, communautaire et personnel comporte également une dimension d’éthique personnelle qui consiste à vivre en conformité avec l’idéal défendu. Je vous renverrai pour cela à l’excellente conférence de notre ami Pierre Saint-Servant. On ne peut prétendre vouloir changer le monde si l’on ne s’est pas d’abord changé soi-même. Une révolution sur un peuple de larves n’aurait que peu d’effet. Nous devons donc, autant que faire ce peu, tendre vers une certaine forme d’exemplarité qui doit s’incarner tant au niveau moral qu’au niveau intellectuel, physique et spirituel. Un esprit dans un corps sain !
Vie intérieure
On ne peut pas donner ce que l’on n’a pas. La vie spirituelle est une nécessité impérieuse pour l’homme. L’homme est un animal qui a besoin de faire respirer son âme. Il est donc impératif, dans la mesure où l’on envisage cette voie, d’entretenir son âme par la prière et la lecture spirituelle. Tout le nerf du règne de Satan consiste dans la mollesse des bons. Notre combat étant un combat eschatologique, faisant entièrement partie de nos prérogatives chrétiennes. Il est nécessaire de faire l’unité avec la vie intérieure.
Le travail
On aurait tort de se méprendre sur l’importance du travail. À l’heure où l’école ne fabrique plus que des handicapés bardés de diplômes, et où nous nous retrouvons souvent condamnés à faire des boulots chiants dont les finalités nous échappent, il me parait intéressant de remettre sur la table la question du travail.
Le travail sert le bien commun : originellement, le travail est une condition de la nature humaine dans sa condition terrestre, l’homme doit travailler pour aménager la nature en fonction de ses besoins.
En se développant, les sociétés ont développé des techniques nécessitant des savoirs et une relative spécialisation. En raison du manque de temps et de ressources, les hommes ont souvent organisé le travail de manière à répondre aux besoins d’une communauté. Le travail n’est jamais une fin en soi, il n’est qu’un moyen. Il peut cependant avoir des vertus dans la mesure où, selon la dignité des travaux, l’homme réalise certaines formes du bien.
Le travail n’est pas un coût mais le premier capital de l’homme : on nous a habitué à allonger des billets sur la table pour un oui ou pour un non en oubliant que, derrière les services payés ou les objets achetés, il y avait avant tout un travail. L’homme qui rénove lui-même sa maison réalise une économie plutôt qu’il ne perd une somme d’argent, son travail a une valeur en soi qu’il serait absolument stupide d’assimiler à un coût. Le travail a un coût dans la mesure où le travail est salarié et où celui qui verse le salaire cherche à tirer une plus-value du travail d’autrui afin d’accumuler du capital. Je vous renvoie ici aux travaux de Marx qui, sur cette question, et sans que nous le suivions sur le reste, sont d’une clarté philosophique absolue et ne peuvent guère porter à la critique.
Nous allons vers un retour à l’esclavage : avec la loi travail 2 (loi Pénicaud ou ordonnances Macron), nous allons de plus en plus vers une société où les salaires seront revus à la baisse et où le nombre d’heures au travail ne fera qu’augmenter. Il faut savoir, contrairement aux clichés, que les Français font partie des peuples de l’UE qui sont travaillent le plus et ont la meilleure productivité ! Si nous passons le plus clair de notre temps au travail, notre vie se résume donc également en grande partie à ce que nous faisons. Voulons-nous vraiment que notre vie se résume à un tableau Excel ou à des réunions de clients dans une tour à la Défense ?
Trouver un métier qui a du sens : Il est donc impératif de viser des métiers que nous aurons vraiment choisi, des métiers en lesquels nous croyons. Mais aussi des métiers dans un cadre que nous avons choisi. Il serait ridicule de s’opposer, par principe, à dépendre d’un patron par une conception caricaturale de « l’autonomie ». L’entreprise, dans un cadre fondé sur la communauté de valeurs, se débarrasse de sa dimension aliénante car les conflits peuvent être résolus au moyen du bon sens et dans l’amitié.
Imaginez que vous fassiez un métier qui, en plus de cela, serve directement le bien commun car il répond à nos exigences de principes cités plus haut : alors, dans ces conditions, vous ne pouvez-être que les plus heureux des hommes car vous pourrez allier travail et conviction.
Maîtriser notre dépendance à la technique
La technologie n’est pas moralement neutre car elle transforme nos modes de vie de façon à ce que nous ne puissions plus nous passer d'elle sans vivre en marge de la société. Vivre sans voiture à la campagne, aujourd'hui, n'est certes pas impossible au sens strict, mais très difficile. La technique dicte des modes de vie, transforme notre monde et a souvent tendance à nous rendre dépendant d'elle à telle point qu'elle représente souvent une forme d'aliénation. Certes, on peut se priver de téléphone portable et de voiture mais n’importe quelle agence Pôle Emploi exigera un numéro de portable et les villes étant conçues et agrandies sans cesse en fonction des capacités modernes de déplacement, on ne peut plus vivre sans portable ni voiture.
Il faut donc instaurer un jeûne numérique comme on jeûne sur la nourriture afin de garder notre liberté vis à vis des outils techniques.
La sexualité et la famille
Nous ne souhaitons pas nous positionner en professeurs de morale, mais plutôt inviter chacun à faire preuve de dignité, d'honnêteté et de générosité dans ces domaines. Chercher des relations d'amitiés sincères et stable, ne pas jouer avec autrui, choisir le bon époux ou la bonne épouse en fonction de critères basés sur des convictions partagées, faire des enfants et surtout les éduquer en ne déléguant pas cette tâche à la société. Ce que nous gagnerons avec deux salaires, nous le dépenserons en frais de garde d'enfant et nous manquerons les années les plus précieuses de notre existence.
L’école
L’école est devenu un véritable égout collecteur de toutes les pires idéologies de notre époque. Ne pas laisser nos enfants aller dans les écoles du système est un devoir de parents. Il faut ouvrir des écoles où nous enseignons nos propres contenus, loin des folies parisiennes de la société multiculturelle et dégénérée.
La communauté
Reconstruire des petites communautés, voilà le combat de demain contre la dissolution permanente. Nous avons besoin d'amis, mais aussi de réseaux, de paroisses, de cercles. Nous devons nous constituer en communauté basées sur un partage de valeurs afin d’éviter de nous faire contaminer par la monde moderne. Seuls, nous sommes faibles, mais à plusieurs nous pouvons résister et s’encourager mutuellement dans la construction. La communauté n'est pas une adhésion d'individus mais un corps nouveau pouvant générer une véritable émulation très féconde en matière d’initiatives politiques.
Limites du combat social et personnel
Ce combat est malheureusement limité dans la mesure où, si nous ne prenons pas le pouvoir, nous resterons à la merci de ceux qui l’auront. Certes les écoles, les entreprises et les communautés sont des petits pouvoirs, mais ils sont insuffisants face aux pouvoirs réels.
III) LE COMBAT POLITIQUE
L’essence de ce combat
Le combat politique vise essentiellement la prise du pouvoir. Le pouvoir, c’est l’autorité et donc la force de contrainte, mais également la justice et donc le contrôle des lois.
Se battre là où nous sommes
Rien ne sert de rêver, les seuls combats politiques à notre portée aujourd'hui sont ceux qui se trouvent physiquement à notre portée : quartier, arrondissement, village, ville. Il faut viser des mandats d'élus locaux et donc commencer à entrer en campagne au plus vite.
Régionalisme
Dans les régions, nous pouvons encore exister car le régionalisme est moins connoté que le nationalisme et surtout parce qu’il a été longtemps l'apanage de la gauche. Le combat culturel et régional est plutôt à la mode, il faut s’engouffrer dans les mouvements régionalistes ou créer les nôtres. Semer de l’enracinement partout afin de tuer les mauvaises herbes mondialistes ! Au Larzac, lors de la protestation contre l’extension du camp militaire, les gauchistes n’étaient là qu’en soutien au mouvement des paysans qui avaient solennellement promis de ne jamais vendre leurs terres. La défense de la terre et le combat régionaliste n’est de gauche, à cause de la paresse de la droite, que depuis les années soixante-dix. Partons en reconquête de ce courant d’idées fondamentalement conservateur, initié par le poète provençal Frédéric Mistral en 1854, maître intellectuel du jeune Charles Maurras.
Reprendre la mairie
La mairie est l’horizon politique le plus réaliste. Dans un premier temps, visons les conseils municipaux, soyons élus, puis nous prouverons notre crédibilité par notre action avant d’avoir des rêves de grandeur. Soyons humbles et travailleurs, sans cesse et partout.
De l’hypothèse d’une vraie droite au pouvoir
La droite subit plusieurs virus : le règne des petits chefs, le manque de clarté vis à vis de l’argent et du libéralisme, la phobie d’être traitée de « réactionnaire » ou de « xénophobe », les querelles de chapelles idéologiques, etc. La droite n’est pas une idéologie mais une vision réaliste de la politique. Dans l’hypothèse de la reconstruction d’un vrai parti de droite, il faudrait devenir des cadres exemplaires animés d’une mystique nous empêchant de trahir nos idéaux tout en restant conscients que le but est de gagner, et que pour cela il faudra mettre les mains dans le cambouis. Notre limite, c’est de ne jamais dire ou faire l’inverse de ce que nous croyons et de ne pas donner de coups de points à notre droite.
Deux combats complémentaires
Les impasses du tout politique :
A force de ne plus penser qu’en termes électoraux, nous risquons de nous faire avaler dans les logiques électoraliste du système et de ressembler à nos ennemis. Surtout que la prise du pouvoir doit s’appuyer sur des structures déjà existantes.
Les impasses du tout social, personnel et communautaire :
Souvent, nous masquons notre lâcheté ou notre paresse face à nos devoirs politiques par de fausses excuses : ça ne sert à rien, on a déjà tout perdu. Mais la politique est un devoir d’une part et d’autre part une nécessité. Comment ferons-nous lorsque l’Etat interdira nos écoles ?
IV) NOS PROJETS POUR CETTE ANNÉE
Continuer à faire grandir notre université d’été
Si chacun revient à la prochaine université d’été en faisant venir une personne, alors nous serons au moins 250. L’objectif de cette université d’été est de devenir une référence à l’échelle de cinq ans en terme de cap politique pour les catholiques.
Academia Christiana est une communauté, un cercle de formation, un diffuseur d’idées et un réseau d’initiatives.
Academia n’est pas un « parti », mais elle est un outil essentiel pour organiser la reconquête. Nous avons besoins de telles organisations pour nous fédérer, nous motiver et avancer.
Créer des relais locaux pour diffuser notre programme
Il faut que cette année, en plus de préparer la prochaine université, et de travailler sur les deux voies expliquées durant cette conférence, nous travaillions à lancer des petits cercles de quelques personnes là où nous pouvons.
Assurer des rendez-vous régulier pour s’encourager et faire le bilan de nos actions
Pèlerinage de Chartres
Retraite spirituelle
Fête de la Sainte Geneviève
Réunions de préparation
Week-end cohésion
Participation à des événements politiques amis
La place des jeunes dans le projet d’Academia Christiana
Se former, et se proposer d’aider dans des taches concrètes, être humbles et demander à apprendre. Solliciter les anciens et les respecter, être de bons disciples. Surtout rester persévérant et un peu patient (pas trop non plus…).
La place des adultes dans le projet d’Academia Christiana
Continuer le combat, ne pas mollir, prendre des initiatives, encadrer les jeunes, développer de nouveaux organes de lutte.
L'équipe d'Academia Christiana