Conférence de conclusion de l'université d'été catholique 2017 d'Academia Christiana
Quel état d’esprit attend-on d’un jeune militant catholique ?
Exemplarité :
Quand on prétend incarner notre voie politique, sociale et spirituelle, il faut un minimum de cohérence sinon on en devient risible.
L’exemplarité n’est pas une vertu réservée aux autres, c’est à moi-même qu’il faut l’appliquer. Comme cela a été suffisamment répété ici durant les conférences, la reconquête commence ici et maintenant par la reconquête se soi-même.
Le principal défaut de notre mouvance c’est le manque de cohérence et d’exemplarité.
Notre discours ne percera jamais si nous ne l’incarnons pas au quotidien.
Cela se joue dans des choses très simples au niveau social et au niveau personnel.
Exemplarité individuelle :
La grande difficulté que nous rencontrons tous consiste à avoir un comportement exemplaire indépendamment du regard des autres. Il est plus facile de s’imposer une retenue lorsqu’on sait qu’on nous observe que lorsqu’on se retrouve seul ou au milieu d’inconnus.
Le premier point sur lequel il nous est proposé de travailler c’est donc la vie personnelle. Que puis-je faire pour l’améliorer ?
D’abord ayons le soucis de la vie spirituelle. Si nous avons la foi, comment peut-on négliger les actes qu’elle implique ? Si je crois que Jésus-Christ est bien vivant, il doit nécessairement y avoir des répercutions concrètes dans ma vie, ou alors c’est que je n’y crois pas vraiment. Chacun de nous doit prendre la résolution aujourd’hui d’accorder un minimum de temps chaque jour pour parler au bon Dieu. Chacun à son rythme, chacun à sa façon, mais tous les jours un moment doit être réservé à Dieu, il s’agit d’une nécessité vitale.
Ensuite il y a notre hygiène de vie en général : physique et mentale. Nous ne sommes pas tous fait pour être des athlètes mais il est sain d’entretenir un minimum notre corps car notre mental en dépend aussi un peu. Chacun saura mieux que moi ce qu’il peut faire dans ce domaine : tabac, alcool, nourriture, sport… Cela ne doit pas devenir une obsession et une nouvelle doctrine hygiéniste qui ôterait tous les plaisirs de la vie, mais simplement un sens de l’équilibre. Une certaine ascèse et l’exercice physique sont bons pour notre volonté.
Il n’y a pas que la santé physique qui est importante mais aussi notre santé mentale, il est impératif que nous entretenions aussi notre intelligence avec des contenus sains, je pense en particulier ici à la lecture et aux écrans. Encore une fois ici chacun saura ce qu’il a à faire, mais la tendance actuelle est souvent dans l’excès d’écran, d’oisiveté devant des émissions ou des vidéos débiles, et donc dans l’insuffisance de lecture. N’hésitez pas à venir consulter régulièrement la « bibliothèque idéale du militant » sur le site d’Academia Christiana si vous cherchez des conseils de lecture. Il y a aussi de bonnes émissions sur internet comme Orage d’acier, TV libertés et Méridien Zéro…
L’exemplarité collective :
L’exemplarité collective passe par un comportement irréprochable en société :
Avoir un comportement digne vis à vis de l’autre sexe, ne pas jouer avec les coeurs, aimer sincèrement et ne pas chercher à utiliser l’autre pour son propre plaisir, rester toujours fidèle.
Rester maître de soi vis à vis de l’alcool. Ne pas se droguer.
Etre poli, courtois et souriant avec les gens.
Respecter les lois justes : ne pas jeter ses déchets n’importe où, ne pas gêner les gens, ne pas être méchant gratuitement, respecter individuellement les étrangers qui ne nuisent pas à notre pays.
Être cohérent avec notre idéal : essayer de consommer local, bio, éviter de donner de l’argent à nos ennemis : Starbuck; Macdo…
Anti-bourgeoisisme
Le bourgeoisisme désigne les traits négatifs de l'esprit bourgeois dès lors qu'ils ne renvoie pas aux traits positifs de la "bourgeoisie entreprenante", aujourd'hui en plein déclin.
Le bourgeoisisme qui s'oppose à l'esprit populaire comme à l'esprit aristocratique, domine la société marchande et la civilisation occidentale :
morale de l'intérêt, recherche individualiste du bien-être immédiat, réduction du lignage à l'héritage matériel, esprit de calcul, conception négociante de l'existence, ignorance du don, préservation parcimonieuse de la vie, refus du risque et de l'aléa, esprit d'entreprise limité à l'accroissement de richesse, désir de sécurité, tendances cosmopolites, indifférence aux attaches, aux enracinements et aux solidarités avec son propre peuple, détachement envers tout sentiment religieux de nature collective ou gratuite, ignorance complète du sacré.
Le bourgeoisisme caractérise aujourd'hui, au-delà des étiquettes de "droite" ou de "gauche", la plus grande partie de la société européenne.
Les catholiques sont aujourd’hui extrêmement gâtés par l’esprit bourgeois, il faut s’en départir car sinon aucune reconquête ne sera possible.
Voici quelques exemples de traits caractéristiques d’un esprit anti-bourgeois :
Esprit de sacrifice
Agir de façon désintéressée, ne se préoccuper que du bien des âmes et du bien commun.
Ne pas rechercher le bien-être mais aspirer à des choses plus élevée : un destin. Voir les choses sur le long terme, mépriser la vie commode, refuser de s’installer dans un petit confort égoïste, être prêt à tout perdre pour servir notre cause et s’abandonner à la providence (ce qui n’empêche pas d’assurer quand même le minimum de sécurité pour les siens et ne pas prendre de risques inconsidérés).
Mépriser les richesses matérielles et être capable de voir les richesses spirituelles chez les autres. Il faut se méfier de ce qui brille car en plus de nous séduire et de nous perdre, cela cache souvent une certaine superficialité. Apprenons aussi à reconnaitre les véritables richesses qui sont celles de l’esprit. Peu importe que ma future femme soit d’un milieu pauvre ou riche, ce qui compte c’est son âme.
Etre généreux et faire preuve de grandeur d’âme : à quoi bon accumuler les richesses si c’est pour être le plus riche du cimetière ? Plus on possède biens matériels et plus on est possédé par eux. Si je m’achète une belle voiture de sport, il y a de grande chance pour que je sois beaucoup plus réticent pour la prêter à un ami alors que lorsque j’avais une voiture assez simple j’en étais beaucoup plus détaché et prêt à rendre service avec elle. Il faut donner sans compter, sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons le bien. Tant qu’on n’a pas tout donné on n’a rien donné. Ceux qui calculent tout, qui attendent sans cesse un retour sur investissement seront toujours déçus.
La seule certitude que nous avons sur cette terre est celle de mourir. Alors à quoi bon vivre pour tenter de nous préserver de la mort ? C’est une vaine espérance. La santé est un bien précieux mais elle n’a pas de sens à elle seule si ce n’est que comme une condition qui nous permet de mieux nous donner, d’offrir plus de nous même. À quoi bon être en bonne santé si c’est pour ne rien accomplir de grand dans sa vie ?
Il y a dans nos société une mentalité très hostile au risque et à l’imprévisible. C’est lorsque le risque se présente à nous que nous nous comportons le plus souvent de manière bourgeoise et égoïste. Nous sommes finalement prisonniers de nos peurs, et nos ennemis peuvent nous contrôler par la crainte servile du risque : risque d’aller en prison, de payer une grosse amende, de perdre son travail ou sa réputation. Rien de grand ne s’est jamais fait sans sacrifice. Ne rêvons pas, il n’y aura jamais de combat sans risque. Il est légitime de peser le risque par rapport au but à atteindre, mais plus le but est élevé et plus les risques méritent d’être encourus. Souvent nous agissons inversement : nous sommes prêts à risquer notre vie dans un accident de voiture pour le plaisir d’aller vite, mais nous ne sommes pas prêts à risquer notre réputation en nous engageant publiquement dans un mouvement politique.
La vie militante n’est pas toujours très confortable, il faudra parfois accepter les situations précaires, les petits revenus, renoncer à la sécurité d’un emploi et d’un certain train de vie pour servir notre cause. Le temps donné au militantisme ne rapporte rien financièrement, il est donné gratuitement pour quelque chose de plus grand, même lorsque nous faisons des actes en apparence insignifiant : coller des affiches, distribuer des tracts, écrire un article, être présent à un événement. Nous sommes payés en « sens » et non en monnaie, mais avoir une vie qui a un sens n’a pas de prix !
Enracinement :
Nous devons reprendre conscience de notre origine. Nous ne sommes pas les fils du néant, tout ce que nous avons nous vient de nos ancêtres, nous devons nous réapproprier nos racines et nous sentir comme endettés vis à vis de notre patrie. Nous ne pouvons nous dire que si notre pays s’enfonce encore plus dans la déréliction nous trouverons une patrie de rechange ailleurs. Si nos ancêtres s’étaient dit cela nous ne serions pas français. Nous devons nous sentir solidaire de notre peuple même si celui-ci est parfois en apparence décevant. Nous devons cultiver l’enracinement : c'est à dire une curiosité et un goût pour notre histoire, nos traditions, notre gastronomie, nos chants, nos savoirs faire.
Sens du sacré :
L’esprit du militant catholique c’est de retrouver le sens du sacré et de la piété, le goût pour les pèlerinages, pour les dévotions ancestrales, pour la prière. Le monde moderne est profondément matérialiste, nous avons le devoir d’ouvrir nos âmes à la lumière et de cultiver notre foi par la prière quotidienne et les sacrements.
Le respect :
Un des grands travers des milieux sociaux c’est la moquerie et le manque de respect. Ce n’est pas parce que nous sommes identitaires, ou pour stopper l’immigration, que nous sommes dispensés du respect envers les étrangers ou ceux qui ne pensent pas comme nous. Une chose est de savoir reconnaitre un ennemi et de le combattre, une autre est de se comporter indignement avec un innocent. Cela n’a jamais fait avancer les choses que d’insulter une femme voilée ou de bousculer un musulman. Se défendre dans la rue et défendre autrui ne signifie pas attaquer autrui. Nos adversaires prétendent que nous sommes des monstres haineux : ne devenons pas nos propres caricatures. Défendre la civilisation européenne c’est aussi défendre le respect.
Tenir sa langue :
On dit souvent que les cathos tradis sont les champions toute catégorie de la médisance et de la critique. Je ne vois pas ce qu’il y a de « tradi » dans cette discipline, mais je vois au contraire une des causes de notre perte de crédibilité. Combien de personnes s’éloignent de la tradition à cause de l’orgueil des tradis .
Encore une fois il n’est pas ici question de renier la vérité ou de mépriser le sacré, mais il s’agit plutôt de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, et de balayer devant sa porte avant de balayer devant celle du voisin. Les querelles de chapelles sont une immense perte de temps, et elles font le jeu de notre adversaire. L’étymologie du mot diable en grec : diabolos signifie le diviseur. Faire régner la division par nos critiques c’est faire le jeu du diable.
Personne ne détient à lui seul la vérité, donc restons un peu humbles vis à vis d’autrui. Peut-être qu’un tel ne va pas à la messe tradi, mais il est possible qu’il soit bien plus humble et charitable vis à vis d’autrui que moi. Il faut rompre avec cette tradition de la médisance et chercher fuir ce genre de discussions, en particulier aussi sur les réseaux sociaux.
Régularité présence régulière aux activités militantes :
Cette université d’été n’aurait pas été un tel succès si vous n’aviez pas été là. Comment organiser une reconquête si personne n’est jamais là ? La présence aux événements est une affaire de responsabilité individuelle. Qu’on ait une fois dans sa vie une excuse importante qui nous empêche d’être présent à un événement : la mort d’un parent proche par exemple, cela peut se comprendre, mais ça n’arrive pas 5 fois dans l’année. Les excuses pour les absences, c’est comme les fesses tout le monde en a, mais ça pue !
On ne peut rien construire si chacun n’y met pas un peu du sien. Personne ne pourra s’investir à votre place et nous avons besoin de jeunes hommes et de jeunes femmes motivés qui prennent des initiatives. Si chacun rentre chez soi bien content d’avoir suivi une semaine de conférence mais ne donne plus de nouvelle ni ne propose rien de son côté nous n’avancerons pas. Nous comptons sur vous pour être là à chaque rendez-vous : rentrée parisienne, manifestations, dîners, conférences, actions militantes, projets entrepreneuriaux, UDT. Vous êtes désormais des ambassadeurs et vous avez la mission d’en recruter de nouveaux et de former des cercles communautaires de formation et d’action là où vous êtes, de vous investir dans la vie locale de votre département. Une communauté vit de ses membres, si les membres désertent la communauté disparait.
Enthousiasme :
Un saint triste est un triste saint. Tout ce que nous entreprenons doit être entrepris avec joie et enthousiasme. Finalement il n’y a rien de plus beau et de plus heureux que de se donner pour une noble cause, notre vie entière retrouve un sens et se pare d’une beauté sacrée. Nous inviterons la jeunesse à nous suivre si nous travaillons en chantant, en souriant dans les peines, en redoublant de courage dans les difficultés. Le secret de la réussite est peut-être l’enthousiasme et la joie qui petit à petit se communique aux autres. Nous devons être fiers de ce que nous vivons ici car c’est indiscutablement quelque chose d’extraordinaire et qu’il y a de quoi se réjouir de ce que nous avons réussi à construire en une semaine.
Ne prenons pas des airs affectés, quittons nos habits de carême, chassons les tristes mines et faisons résonner nos chants sur la terre. Ne soyons pas des catholiques complexés, mal fagotés, toujours tristes. Notre mouvement est un mouvement de jeunesse, il doit respirer la joie de vivre, le sens de l’humour.
Persévérance et fidélité :
La vie vaut-elle d’être vécue si elle n’est qu’une immense servitude : métro, boulot, conso, dodo ? Notre idéal donne un sens à nos vies. Chaque journée est un nouveau combat dont la difficulté consiste à ne jamais abandonner. Les tâches les plus temporelles ne le sont que parce que nous les rendons telles, parce que nous restons aveugles face à leur efficacité sur le long terme et dans le plan de Dieu. La vie de l’homme sur terre est un combat : c'est à dire un combat quotidien, que tout est combat. La vertu suprême du combattant c’est la fidélité et la persévérance. Satan veut que nous lâchions prise, que nous abandonnions, mais non il faut tenir et rester fidèles. Le drame de notre milieu social c’est l’absence de persévérance : à travers le scoutisme on fait rêver des milliers de jeunes avec l’idéal de la chevalerie et des croisés, qui une fois vingt ans passé regardent leur idéal de jeunesse comme des rêves remplis d’immaturité. On les retrouve dix ans plus tard, banquiers, commerciaux ou assureurs, assis derrière un écran toute la journée, soumis à leur patron, à leur femme, et aux désirs dictés par la société de consommation. Nous devons rester fidèle à notre idéal : voici le combat de l’homme sur terre.
10 résolutions pratiques :
Pour résumer voici dix résolutions pratiques et concrètes à appliquer dès la sortie de cette conférence :
Spiritualité : Consacrer chaque jour un moment de sa journée, de préférence le matin pour s’isoler et prier.
Hygiène de vie : Consacrer un moment par semaine pour s’aérer l’esprit et le corps en allant courir, nager, faire de la boxe…
Formation : Choisir un livre de la bibliothèque militante et le lire, puis en choisir un autre une fois le premier fini, et essayer de lire un peu chaque jour.
Présence : Noter les dates des prochains rendez-vous militants et s’organiser en avance pour être présent (avoir fini ses révisions avant le pèlerinage de Chartres; mettre de l’argent de côté pour les déplacements…).
Bienveillance : Essayer dès qu’on le peut de souligner les bons côtés des personnes lorsque cela est possible plutôt que de surenchérir à la critique.
Civilité : Garder toujours à l’esprit que notre mot d’ordre est civilisation. Nous ne nous battons pas pour le chaos et le désordre. Etre vraiment civilisé c’est faire des efforts au quotidien sur le respect des lieux qu’on traverse : ne rien jeter par terre, ramasser les déchets qui trainent même quand ce ne sont pas les siens, être courtois avec les personnes, saluer…
Enthousiasme et amitié : Entretenir ses amitiés en prenant au moins une fois par semaine des nouvelles d’un ami, essayer de vaincre sa timidité saluant systématiquement ses camarades avec un sourire et un mot sympathique.
Enracinement : Vivre son identité d’Européen en visitant les hauts lieux de notre civilisation, programmer dès qu’on a des vacances un petit voyage en stop, à vélo, ou en train vers un pays d’Europe et essayer de nouer des liens avec des camarades enracinés pour découvrir une région de l’intérieur, préparer son voyage en apprenant l’histoire du pays, essayer d’éviter les circuits touristiques.
Engagement : S’engager librement pour une durée (un an minimum) à rendre un service militant : écrire des articles réguliers , être membre actif d’un mouvement de jeunesse, et surtout rester engagé jusqu’au bout.
Fidélité et persévérance : Penser chaque matin en se réveillant au fait que cette journée est un combat et que notre plus grande victoire sera de rester fidèle à notre idéal.
Bonus : Se rappeler toujours que les saints ne sont pas ceux qui ne tombent jamais mais ceux qui se relèvent toujours.